mardi 20 mai 2008

Lecteur intégré SIM AUDIO Moon CD-1


Origine : Canada – prix : 1500 € - distribué en France




On reconnaît de loin un appareil Sim Audio, même lorsque qu’il n’arbore pas le carénage sophistiqué ou les jolis flancs arrondis auxquels la marque nous a habitués. Principalement grâce à l’inévitable et grand afficheur rouge. Et au joli petit écusson Moon chromé ou doré. Cela dit, l’apparence simplement parallélépipédique de cette nouvelle machine s’écarte sensiblement de celle des appareils de la série Evolution par exemple. Le tiroir de la mécanique, très fin, est situé tout à droite de l’appareil. La partie inférieure de la face avant est marquée d’un petit décrochement semi-circulaire pleine largeur, dans lequel viennent s’implanter, sur la gauche, sept petits boutons de commande de couleur grise. L’ensemble dégage une grande impression de sérieux, renforcée par l’inertie et la rigidité des tôles du coffret. L’ouverture de cette boîte révèle par ailleurs un niveau élevé d’intégration. La mécanique est réalisée par SIM AUDIO à partir de composants individuels et est montée de manière rigide sur quatre entretoises métalliques. Son pilotage fait également l’objet d’une conception logicielle 100 % maison. Ceci permet au constructeur de réagir très rapidement vis-à-vis des corrections qu’il devra éventuellement apporter à cette section, et de s’affranchir de la rupture de fabrication d’unités toute faites. Il s’agit là d’une philosophie que le constructeur souhaite a priori développer sur de futurs modèles.




L’unique circuit imprimé qui accueille les fonctions de traitement numérique et de conversion analogique intègre aussi les circuits d’alimentation. C’est une solution souvent mise œuvre par le constructeur, qui prend alors soin de dessiner des plans de masse spécifiques à chaque partie, ce qui est bien le cas ici. On retrouve d’ailleurs un transformateur torique moulé spécifique à la marque, mais de 25 VA seulement. Les condensateurs de filtrage totalisent 6 fois 2200 µF d’origine Nichicon et sont suivis de 8 étages de régulation à base de circuits de la famille 78XX.

Pour ce qui est du traitement du signal, SIM met en œuvre un algorithme de suréchantillonnage propriétaire, qui amène la modulation au format 24 bits – 352,8 kHz. La conversion N/A est confiée à la référence PCM1793 du catalogue Burr-Brown.


On récupère le signal de sortie sur deux Cinch après filtrage réalisé de manière asymétrique, ou au format numérique sp/dif coaxial. Un port RS232 présent en face arrière permettra l’échange d’informations avec le monde extérieur et l’upgrade fonctionnel éventuel de la machine. Par ailleurs, SIM insiste bien sur le fait que ce lecteur est destiné à rester en permanence sous tension, avec un dimensionnement de composants destiné à limiter toute élévation marquée de température.

Ecoute

D’entrée de jeu, le lecteur CD Moon fait rimer vivacité avec musicalité. C’est particulièrement remarquable sur les excellentes sonates de Dietrich Buxtehude extraites du coffret Deutsche Harmonia Mundi 50ème anniversaire. Le clavecin exhale des harmonies bien colorées (dans le bon sens du terme, c'est-à-dire à la fois riches sur le plan tonal et remarquablement variées) qui sont légères et fruitées à souhait. L’expressivité dynamique est là également, mais savamment respectueuse du ton des morceaux. Les mouvements lents restent sereins, mais les andante sont emmenés avec beaucoup d’énergie. Les instruments affichent une belle ampleur, et sont précisément situés dans l’espace. Les bruits de jeu sont là, mais ne sont pas particulièrement mis en avant dans notre première configuration témoin à base d’électroniques Atoll et d’enceintes Vienna Acoustic, ce qui est de bon aloi. De prime abord, le lecteur Moon présente donc un excellent équilibre entre précision et musicalité. Et de toute évidence, cette machine peut justifier un meilleur système encore pour s’exprimer vraiment.

C’est ainsi que nous l’installons en amont d’une configuration beaucoup plus ambitieuse : préampli ATC, ampli de puissance Pass X 250.5, enceintes Vivid Audio V 1.5 ! Reprenons posément le Buxtehude pour une vraie comparaison A/B. Nous obtenons là une autre dimension sonore, en termes spatiaux évidemment, mais aussi en légèreté et en expressivité, critères sur lesquels on gagne encore en magnitude ! Les deux clavecins de la passacaille BuxWV 161 sont désormais parfaitement séparés, mais leur contrepoint est mis en lumière avec une excellente lisibilité. Sur la sonate en ré mineur qui suit, les instrumentistes de l’ensemble Cappriccio Stravagante sont placés à une hauteur très réaliste, tout en étant eux aussi très bien détourés, parfaitement crédibles sur le plan tonal et exécutant une gestuelle que l’on devine sans peine.

Changement de registre. Que ce soit avec le Lou Reed du Perfect Night – Live in London ou sur le dernier PJ Harvey, ce lecteur évite avec habileté l’écueil des sifflantes qui font se dresser les cheveux sur la tête. Au contraire, ces deux voix se distinguent à la fois par un grain et un respect des inflexions leur garantissant un véritable caractère chantant, et une douceur très agréable sur le long terme. Pourtant, ces deux disques, bien évidemment enregistrés de manière très différente, présentent des partis pris qui rendent leur écoute parfois difficile - à tout le moins décevante.

L’enregistrement public de Lou Reed explique sans doute une matière un peu sèche, manquant subjectivement d’extrême grave, et dans laquelle on ne retrouve pas, comme sur ses albums studio, les sonorités chaudes et grasses de la guitare. L’album de PJ Harvey a fait l’objet d’une production d’une fantomatique évanescence, en totale cohésion avec le discours purement musical de l’artiste. Il s’agit aussi d’un disque au parti pris brut et un peu «sale», dans lequel on retrouve des bruits d’amplis et des timbres captés avec un fort biais tonal, comme pour souligner encore la fragilité du propos. Et donc, en dépit de leur âpreté intrinsèque, ces disques passent ici merveilleusement, avec beaucoup de précision et une présence charnelle recouvrée. Cette matière ne compromet en rien leur esprit, mais leur apporte indubitablement un agrément supplémentaire.

L’oreille exigeante parviendra sans doute à déceler, à la longue, un petit côté sec, ou autrement dit un très, très léger manque de moelleux. Cela étant, cette petite réserve n’est que toute relative, et, au sein d’un système moins élitiste, un peu moelleux mais équilibré, cet aspect passera tout à fait inaperçu. Notons d’ailleurs qu’avec les symphonies de Brahms enregistrées en public par Günther Wand, le côté rond de la prise de son est parfaitement retranscrit, et l’approche symphonique proposée par le Moon fait la part belle au romantisme particulier de cette œuvre. Si les cordes roulent un peu (ce qui n’est pas non plus complètement déplacé sur ce type d’œuvre), la plupart des pupitres affichent un détourage satisfaisant, dans le cadre d’une image stéréophonique très ample, tendance 16/9 ème. Et le fait d’augmenter le niveau sonore ne fait ressortir aucune stridence particulière.

Conclusion

Nous allons donc pouvoir déclarer ce lecteur bon pour le service, et saluer chaudement cette incursion de Sim Audio dans la catégorie des appareils abordables. A la rédaction de Haute-Fidélite, il est vrai que nous ne cachons pas notre sympathie pour les appareils de la marque Sim Audio, ni d’ailleurs pour leur concepteur Jean Poulin, figure haute en couleurs du monde de l’audio. Cette sympathie qui n’est pas du parti-pris s’est toujours trouvée confirmée produit après produit, car cette marque de haute réputation sur le plan technologique est également factrice de très beaux appareils aux véritables qualités musicales.

Nous savons également que ces appareils se retrouvent parfois dans les installations personnelles d’ingénieurs du son (en association, par exemple, avec des enceintes ProAc), et non des moindres. Ce lecteur intégré ne déroge donc pas à la règle et distille une musicalité d’excellent niveau combinée à un pouvoir de résolution très supérieur. Il se place fort bien en niveau de prix, compte tenu également d’une finition discrète mais d’une certaine classe. On ne pourra donc pas lui reprocher grand-chose, si ce n’est l’apparente fragilité du tiroir CD tout plastique, et qui plie comme le roseau. Un roseau nénamoins conçu par SIM pour ne jamais rompre.

Spécifications constructeur

- Bande Passante : 20 Hz à 20 kHz à + 0 / - 0,3 dB
- Distorsion : inférieure à 0,002 % à 0 dB
- Rapport Signal/bruit : supérieur à 110 dB
- Dynamique : supérieure à 110 dB
- Séparation des canaux : supérieure à 106 dB
- Niveau de sortie analogique : 2 V à 0 dB
- Dimensions (mm) : 430 (L) x 76 (H) x 324 (P)
- Poids : 6 kg

Configuration d'écoute

- Electroniques : Ensemble ATOLL PR300 et AM200, préampli ATC et ampli PASS LABS X.250S
- Enceintes : VIENNA ACOUSTICS Beethoven Grand
- Câble Modulation : ATHOM ZEF (modulation) et HIFI CABLES & COMPAGNIE