jeudi 2 juillet 2009

Mercredi 1er juillet - Enghien Jazz Festival - Grande salle du casino


Le journal du
In



Chick Corea
en solo


Cette deuxième soirée du festival in est consacrée à Chick Corea et à lui seul. Pas de première partie, pas d'autres instruments qu'un grand piano Yamaha au centre de la scène, salle du casino. Décontracté et souriant, Chick Corea fait son entrée en scène et salue longuement le public. Quelques mots d'introduction, quelques clés sur le mood de la soirée, et hop, c'est parti ! Il se met au piano et entame «My spanish heart».

Au micro, Chick explique ensuite qu'il souhaite rendre hommage aux pianistes qui l'ont influencé : Bill Evans, tout d'abord, dont il joue une version très personnelle de «Waltz for Debby». Puis, ce sont les maîtres Thelonious Monk et Bud Powell qui sont invoqués... maîtres qu'il allait écouter à New York, entre 1960 et 1975 : «They were my University !» dit-il très simplement, après avoir exécuté une sorte de medley entremêlant deux thèmes de chaque pianiste.

Mais les influences de Chick Corea ne sont pas qu'américaines, loin de là ! Toujours très didactique, il nous parle maintenant d'un musicien né à la fin du ... XVIIème siècle ! D'origine italienne mais ayant vécu en Espagne. Ne cherchez pas, c'est Domenico Scarlatti qui est maintenant convoqué ! Il a choisi une des 555 sonates pour clavecin composée par le prolixe italien, pour la relaxation. Il en sort la partition, nous la montre, la pose sur le chevalet. Et il en donne une interprétation très coulée, sans aucune rigueur académique. Très jazz spirit, mais sans ostentation. Ca fonctionne !

Le pianiste américain a d'autres héros classiques. On lui connaissait déjà son attirance pour Mozart et Beethoven, mais voila qu'il cite Scriabine et se propose de jouer les Préludes pour piano opus 11 n°4 et 6. Il se ravise à l'issue du premier : "Enough for Scriabine !" lance-t-il, souriant. Pour enchaîner sur une série de miniatures pleines de caractère qu'il a composées au retour de tournées dans les années 70.

C'est sans doute là, à ce moment précis, qu'il donne le meilleur de lui-même, car le public, déjà bien disposé en entrant dans la salle, est désormais totalement acquis. Le jeu est swing, articulé, mais finalement assez doux. Ces morceaux sont de petites merveilles… Chick annonce maintenant un break de dix minutes, et dit qu'il va revenir avec une surprise !
Entracte ...

Retour in due time, accompagné d'un ami français, qui devait partir en vacances mais a bien voulu retarder son départ pour faire le boeuf. L'ami, c'est Jean-Luc Ponty, secondé de son violon ! Les applaudissements crépitent, mon voisin emet des râles de plaisir… « Let' s do something about... jazz !»  lance Chick Corea juste avant de se rassoir au piano. Et c'est reparti, pour une seconde partie magnétique où les deux compères revisitent un répertoire pas si daté que ça, commençant par "Blue Monk", enchaînant avec "Armando's Rhumba" de l'album My Spanish Heart (1976) puis par un medley commençant par les phrases bien connues du Concerto d'Arranjuez… Moment de grâce totale... deux rappels, courtes salutation des musiciens. C'est fini !

Voila de très grands jazzmen, et ils ont joué pour le public d'Enghien comme on passe une soirée entre amis.

Thank you, Professor Corea !



Crédits photographiques pour l'article :
Francis Barrier (couleur) et Christian Izorce (noir & blanc)
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