vendredi 24 juillet 2009

Mina Agossi trio - Mercredi 22 juillet – Arènes de Montmartre


Mina scate à Montmartre


Arènes de Montmartre, il est 17h30, le trio a rendez-vous pour la balance.

Arrivé sur place le premier, le batteur Ichiro Onoe donne des consignes sur le nombre et la position des retours sur scène, tandis qu’il commence à monter lui-même sa batterie. Musicien et techniciens parlent le même langage et tombent rapidement d'accord sur les dispositions à prendre. Par rapport au centre de la scène dûment repéré par un point blanc, la formation se déploiera très simplement en triangle – mais c’est compter sans les incessants déplacements de Mina Agossi ! Chaque fût fait l'objet d'une vérification individuelle de sonorité au fur et à mesure du montage. Ce qui ne remplace évidemment pas l'accord final des peaux à la molette. Ichiro remplit sa grosse caisse de tissu amortissant…

Pendant ce temps Éric Jacot est arrivé et raccorde déjà son micro aux amplis, sous l'œil attentif d'un technicien. Bien qu'Éric joue de la contrebasse et non de la basse électrique, un dispositif électronique amplifie le son de son instrument et permet de générer des boucles. L'objet est déballé avec précaution, et sa housse pourra même être rangée dans un mini local aménagé à droite de la scène ! Le contrebassiste relate un souci récent survenu avec les piles de sa pédale, déchargées au bout d’une trentaine de minutes (nous en tairons la marque). Voila, c’est branché ! On fait un essai de sampling.

De son côté, le batteur demande qu'on égalise son retour en coupant les graves, alors que le bassiste souhaite évidement entendre un vrai son de contrebasse sur scène ! Pas de problème, le technicien s'en occupe.

Ishiro donne du pied de batterie pendant plusieurs minutes, ce qui exaspère gentiment son acolyte. Puis c'est l'essai de tous les fûts et cymbales, amplifiés cette fois. Aïe, ça fait mal ! L’amphithéâtre étant vide de public, c’est normal. Mais les micros d'overhead de la batterie ramassent trop la grosse caisse et les bruits de pas sur la scène. Soit. Toute l'opération est pilotée depuis la régie par les techniciens, en haut des gradins.

Au tour de la contrebasse, maintenant. On cherche à monter le niveau jusqu'au larsen. Il faut baisser la boucle dans le retour car le son tourne un peu selon Éric. Bien qu'ayant limité les graves sur son préampli, le son de la contrebasse continue à tourner et à s’empâter. On trouve la solution en inversant tout simplement la phase des enceintes de façade !







Ah, mais quelques gouttes de pluie viennent perturber les photographes qui rangent momentanément leurs appareils ! On attend la chanteuse. Pendant ce temps, c'est l'essai lumière effectué bien qu'il fasse encore jour.

Et voilà Mina Agossi, déjà toute en beauté !


Avec son micro, au pied levé mais sans pied de micro, elle monte aussitôt sur scène et s'excuse pour le retard. Elle se met à vocaliser quelques secondes‚ et réclame que l'on creuse un peu le médium de son retour. La balance en sa présence ne durera que quelques minutes... Mina souhaite encore que l'on éclaircisse sa voix en rajoutant un peu d'aigu. Pas étonnant que l’exercice soit aussi rapide : ces musiciens sont des professionnels. Leurs consignes sont précises et techniques ! Et l’on constatera au concert que le résultat est là : un son bien défini, alerte, et pas trop fort (voisinage oblige !).

21 h 00, le concert. Nous arrivons, après pluie et embouteillages, alors que le concert à débuté depuis peu. Bonne organisation, on nous remet un petit vêtement de pluie, et nous partons à la recherche d’une place assise. Peine perdue ! En dépit de l’orage qui s’est abattu sur Paris il y a une dizaine de minutes, le théâtre de plein air est bondé de capuches et k-ways.
Le batteur Ishiro «this man is insane»* Onoe tape à mains nues sur sa batterie. Boudiou ! Ca démarre fort, on dirait…


Mina a le scat polyglotte et même parfois rap : elle entonne une belle chanson en espagnol «Aquellos ojos verdes», puis c’est une reprise engagée, «1983» de Jimmy Hendrix. Suit un très beau «Ghost of Yesterday» (initialement chanté par Billie Holiday) puis une version anglo-japonaise de «What do U want».Retour au continent africain avec «It hurts», également extrait de son dernier album Simple things. Il pleut. Éclosion de parapluies dans les arènes, suivie de récriminations du public en capuche : «On ne voit plus rien !».




C’est le moment que le trio choisit pour se lancer dans un hallucinant «Twisted» dans lequel Mina se révèle plus qu’à l’aise ! Reprendre Pink Floyd façon jazz ne fait pas peur à l’infernal trio qui délivre sa relecture chaloupée de «Money».
Un long et savoureux «Undecided» (composé en 1938, et immédiatement popularisé par John Kirby, Ella Fitzgerald entre autres) clôt le concert en s’ouvrant sur un solo de batterie sec et rapide d'Ishiro…

Applaudissements…
Le rappel est enchaîné aussi sec, vu l’humidité ambiante. C’est de nouveau du Hendrix : «Third stone from the sun» (extrait du séminal Are you experienced ?) où Éric Jacot fait gémir sa contrebasse.

Nous quittons les lieux la musique au cœur et les bas de pantalon trempés. Un sacré bon moment !

* dixit Mina herself

Crédit photographique : Christian Izorce
Tous droits de reproduction réservés

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