dimanche 27 septembre 2009

Illaps en concert

Naissance d’un bolide

Première apparition publique d’Illaps, samedi 19 septembre, dans le cadre de l’initiative Jazz à Domicile (*)

Mais que signifie donc Illaps ?

ILLAPS, s. m. (Théolog.) : sorte d'extase contemplative où l'on tombe par des degrés insensibles, où les sens extérieurs s'aliènent, et où les organes intérieurs s'échauffent, s'agitent, et mettent dans un état fort tendre et fort doux, peu différent de celui qui succède à la possession d'une femme bien aimée et bien estimée.

Une formidable machine vient donc de se mettre en mouvement ! On pourrait dire : une sorte d’équivalent musical à une folle construction de Tinguely.

Ce bolide, conduit par de jeunes virtuoses, carbure à l’extrait de syncope et de rupture rythmiques (François Merville, batterie), négocie des accélérations vrombissantes et des freinages bien dérapés (Kentaro Suzuki, contrebasse), émet de drôles de bruissements cuivrés (Vincent Lê Quang, saxophone et Sébastien Llado, trombone), qui répondent aux cris et chuchotements du bandonéon (Tristan Macé, le fondateur).

Si la notion de power quintet a un sens, elle est magistralement illustrée par cette nouvelle formation qui invente, n’ayons pas peur des mots, un jazz border-line quasi épileptique !

Ce drôle d’équipage aborde sans complexe des territoires sonores où d'autres ne mettront jamais les pieds - de peur de la chute ou de l’enlisement - et négocie à toute vapeur des virages serrés où la sortie de route est le danger de tous les instants. C'est dire si le jazz d'Illaps est acrobatique, si la prise de risque est grande, mais donne fort heureusement lieu à des morceaux complexes et construits, où tout se tient. Pourtant, malgré leur apparente décontraction, les musiciens sont sur le fil du rasoir. Il n’est certes pas facile de faire respirer un morceau tel que «I've got fine stuff in my snuff box (variations sur un standard bien d'chez nous)» que le groupe envoie sans autre forme de procès pour entamer le set.

Acrobatie, oui. Mais non, nous ne sommes pas au cirque, même si aucun des musiciens présents ne semble manquer d'humour. Et tiens, on mélange allègrement chant tibétain et bandonéon dans l’introduction de «Même la douceur de nos sorbets est une promesse de sensuelle immobilité».

Le groupe poursuit avec «Ravel». Voila selon Tristan Macé le prototype d’un genre musical trop peu développé : le boléro jamaïcain. C’est un des longs morceaux distillés par le groupe, dans une sorte de première pression (à chaud bien sûr) où l'expérimentation le dispute à l'art du break, tout en évitant avec grâce le piège de l’interminable logorrhée free-jazz. Qui finit toujours par taper un peu sur le système... Cela dit, en parlant de taper‚ il tape ce batteur ! Fort mais bien...

On dira aussi que le jazz d'Illaps est également visuel‚ car ces messieurs n'hésitent pas de temps à autre à torturer un peu leurs chers instruments, ou comme Sébastien Llado, à jouer de l’ocarina sur un téléphone mobile, et à démonter le trombone en plein morceau pour en tirer des plaintes encore plus vives !

Modes de jeux hors norme, recherche de la sonorité qui gratte, du bruit qui fait mouche. Un morceau d'Illaps, c'est souvent (pour autant que l’on puisse en juger au travers de ce court set) une belle juxtaposition de faux (vrais) départs et de singuliers retournements de situation, de saisissantes envolées tout autant lyriques que soudaines. C'est ce qui donne toute sa richesse à ce jazz impro-écrit (au vu du nombre de partitions accompagnant les instrumentistes).

Une référence évidemment piazzolienne émaille la fin de ce set haut en couleurs : «L'hypertango», en clin d'oeil malicieux au fameux «Libertango» du maître argentin. Il s'agit d'un morceau tout différent de l’original, mâtiné de fanfare folle à la Vienna Art Orchestra (juste pour donner une idée).

On va donc tous courir le 10 décembre prochain au Triton (Les Lilas) retrouver le groupe pour son premier concert en salle ! Car une soirée entière avec Illaps promet d’être un moment à la fois réjouissant et hors du commun.


Questions libres à Tristan Macé

SSB : Vous êtes le leader ?

Tristan Macé - «Oui !»

SSB : Vos compères le vivent-ils bien ?

TM – «Ils le vivent bien car ils ne cessent de discuter mes idées et d'y rajouter les leurs. Tout cela fonctionne à merveille.»

SSB : Pourquoi jouez-vous, du jazz ?

TM – «Pour ce qui est des raisons qui me poussent à jouer, il faudrait en parler à mon psy ! Le jazz, c’est mon rayon.. J'ai commencé par le piano que je pratique toujours puis suis venu au bandonéon, en pensant bien qu'il avait lui aussi sa place dans le jazz. Dans ce domaine, pour cet instrument, le champ est ouvert…»

SSB : Comment vous êtes vous rencontrés ?


TM – «Je suis le dénominateur commun de ce quintet. Initialement, j’avais été invité à donner des cours dans la classe de François Merville au conservatoire de Bagnolet... nous avons joué avec l'Ensemble Départemental de Jazz du 93. Nous ne voulions pas en rester là… Puis mon ami Sébastien nous a rejoint, j'avais très envie de jouer avec lui. Kentaro, je l’ai vu jouer en concert et je lui ai demandé de jouer avec nous..»

SSB : Le 10 décembre, comment serez vous habillé ?

TM - (Rires) «Probablement avec la même chemise, lavée, mais avec un autre pantalon. Regardez, avec le frottement du bandonéon j’ai usé celui-ci !»


(*) Le principe de "Jazz A Domicile" est transparent : faire jouer de véritables concerts par des musiciens professionnels, mais dans l'espace privé d'un particulier, à sa demande. Des musiciens aussi divers qu' Emmanuel Bex, Alexandre Authelain ou Victoria Rummler participent ou ont participé à l'opération. Tous les adhérents, qu'ils soient connus ou non, se prêtent avec enthousiasme à ces invitations, qui permettent de mieux faire connaître l'Union des Musiciens de Jazz (dont Tristan Macé est le président) et cette musique aux couleurs infiniment variées qu'est le jazz. La proximité avec le public, le caractère festif qu'un tel événement, forcément exceptionnel pour le particulier qui l'organise, contribuent à créer une atmosphère propre à l'expérience et à la prise de risque... Le jazz devient alors cette fée du logis qui aurait échangé sa baguette contre celles du batteur, et remplacé le robot-mixeur par le mélange des genres.


Crédits photographiques : Eric Robillard


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mardi 22 septembre 2009

Concert de présentation de la saison 2009/2010 de tm+

Le son dans tous ses états

Fidèle à une sympathique habitude instaurée il y a déjà plusieurs années, Laurent Cuniot conviait le public, samedi 19 septembre, au concert de présentation de la prochaine saison tm+. Au menu, quelques clés de compréhension de la programmation à venir ornementées comme il se doit de l’exécution de pièces solistes.

Coment ne pas être d’accord avec Laurent Cuniot lorsque qu’il écrit, dans la brochure de la nouvelle saison : «… Grossi, déformé, uniformisé, le son quotidiennement consommé a perdu peu à peu ses vertus originelles : celles portées par les vibrations qui relient directement l’instrument du musicien à l’oreille de celui qui l’écoute

Le geste instrumental «live» et sa perception par l’auditeur seront donc une fois de plus des axes suivis par tm+ cette année. La qualité d’écoute du direct n’est d’ailleurs que rarement obtenue à domicile, même par le meilleur des systèmes audio, nous en savons quelque chose... Ce qui doit nous inciter à fréquenter sans relâche les salles de concert !

Et s’agissant plus particulièrement de l’expression contemporaine, le travail sur le son, l’exploration de nouveaux modes de jeu instrumentaux, le développement de la lutherie électronique exigent, s’il l’on veut (ou voulait !) en profiter pleinement dans un environnement domestique, un matériel très défini et excessivement ouvert sur le plan du relief sonore… Impossible en tout cas d’écouter Luigi Nono, Helmut Lachenman ou Edgar Varèse à partir d’un fichier mp3 et de petites enceintes d’ordinateur ! Autant sortir un peu de chez soi…

On ne détaillera pas ici la totalité du programme 2009/2010. Nous vous invitons pour cela à vous diriger vers le site de tm+. Mais signalons que l’ensemble poursuit son étroite collaboration avec les compositeurs les plus actuels : Marc-André Dalbavie, Gérard Pesson, Alexandros Markeas, Philippe Bodin, Jean-Marc Singier et d’autres encore …

Arnold Schoenberg sera également une figure célébrée au cours de cette nouvelle saison : les 16 et 17 octobre dans le cadre de conférence-concerts à la Villa Savoye (Poissy), le 13 novembre et le 23 janvier à Nanterre, le 19 mars dans le cadre du festival Archipel de Genève.
Le concert très original du 13 novembre s’intitule La fantaisie du voyageur… et proposera aussi des transcriptions d’œuvres de Brahms, de Schubert et de Malher réalisées par Pesson, Cavana et Cuniot lui-même. Ou comment les compositeurs d’aujourd’hui s’approprient les œuvres d’hier.
Celui du 23 janvier mettra en perspective le séminal Pierrot lunaire de Schoenberg avec celui, bien moins connu, de Max Kowalski, qui lui est contemporain.
Ce même Pierrot lunaire sera l’objet, les 6 et 7 mai, de concert-rencontres où des élèves du collège Les Chenevreux interpréteront des extraits (et des variations) de l’œuvre, aux côtés des musiciens de tm+.

Et donc, si l’on ne devait citer qu’un seul compositeur du XXe siècle ayant particulièrement exploré le phénomène sonore en lui-même, le nom d’Edgar Varèse serait sans doute celui qui reviendrait le plus souvent. Il était donc naturel qu’il fasse partie de la programmation avec plusieurs de ses oeuvres. Ce sera bien le cas le 12 mars, dans la grande salle de la Maison de la musique de Nanterre. François Bayle et Philippe Leroux côtoieront le compositeur franco-américain avec des œuvres aux titres évocateurs : Petit tremblement de terre très doux et De la texture. Une soirée placée sous le signe du cataclysme sonore !

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mercredi 16 septembre 2009

Demi Evans - My America



Voilà typiquement ce que l'on appelle un bon disque de Rythm & Blues. Evidement, ce terme un peu galvaudé (surtout avec le courant R’n’B actuel) dit peu et beaucoup à la fois.
Essayons donc d’être plus clairs (au risque de paraître secs !) : il ne s'agit pas d'un album d'une originalité fracassante, et l'on aura assez vite l'impression d'avoir «déjà entendu ça quelque part». Non, si cet album vaut le détour (car il le vaut largement)‚ c'est parce qu'il contient un joli chapelet de tubes en puissance‚ bien construits, bien écrits, richement arrangés et savamment interprétés.

Et c’est aussi parce que Demi Evans possède une voix chaude et grave, puissante, sensuelle et bien maîtrisée, qui n'est pas sans rappeler celles de grandes dames de la pop et de la soul anglo-américaines : Tina Turner de manière assez évidente, Joan Armatrading aussi, mais certains citent également Aretha Franklin ou Nina Simone.

La ligne de basse puissante et chaloupée du premier titre «Breathing water» ouvre donc le disque en donnant le ton de tout l'album. Rythmique, refrain, chœurs : tout y est ! «Blues in pink», deuxième morceau, commence comme une belle ballade très mélodique. La voix de Demi Evans y est agile et expressive, et c’est sans doute sur ce titre qu’elle évoque le plus celle de Tina Turner. La tension culmine en un riff de guitare bien amené, donnant au titre toute sa dynamique, pour construire un véritable tube estival‚ qui enterre tout ce que l'on peut entendre dans les endroits les plus hype de la planète - je sais de quoi je parle‚ je suis passé par Biarritz et Kuta (Bali) cet été.
«The next one is a train» me ferait assez bien penser au sautillant «Trans-island skyway» de l’album Kamakiriad de Donald Fagen. Si l'ex-Steely Dan y racontait ses sorties dans sa voiture du futur, Demi Evans chante qu'elle attend un train, avec le vague à l’âme. Le voyage serait-il l’unique planche de salut des âmes sensibles ? Ecoutez-donc «Speak the truth» et reprennez en chœur son refrain universel et entraînant, juste pour voir !
On pourrait aussi citer Michael Jackson à propos du titre «My America», une jolie rengaine sur tempo ralenti que l'on pourra, toujours comme l’ami Donald, fredonner sans retenue au volant d'une décapotable le long d'une jolie route côtière (ou à défaut dans les embouteillages par temps de pluie).

Je vous laisse découvrir le reste, mais pour moi ce My America (récente découverte bien qu'il ait paru en 2008) est le prototype de l’album de qualité, facile d’accès et entraînant, au résonances pop’n’soul absolument universelles. Et sans être sentencieuses, les paroles - assez engagées pour certaines - sont néanmoins sensibles et sensées.

Presque tous les titres de ce My America bénéficient d'une construction élaborée, d'arrangements à la fois sophistiqués mais efficaces, et d'une qualité d'enregistrement hors pair. Tout cela fleure bon la grosse production américaine (alors qu’elle est française) - dans ce qu'elle peut donner de meilleur s'entend. Un disque qui pourrait parfaitement faire le bonheur des démonstrations de matériel dès lors qu'il s'agirait d'évaluer la puissance et la tenue du registre grave d'un système. Ou encore sa façon de spatialiser un message riche en gimmicks « tri-dimensionnels ».

My America - Demi Evans - Dixiefrog - DFGCD 8658 - distribution Harmonia Mundi


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Enceinte Naim Audio Ovator S-600 (2)

Une interview de Roy George, directeur technique de Naim Audio

En avant-première de la présentation officielle de la nouvelle enceinte Naim Audio en France, Signal sur bruit a pu réaliser une interview-flash de Roy George, directeur technique et concepteur des Ovator S600. En marge de l’article, quelques indications complémentaires sont données afin de clarifier certains points…

Signal sur bruit : Naim Audio commercialise avec l’enceinte Ovator S-600 un produit d’une conception «différente». Comment expliquez-vous qu’aucun autre fabricant d’enceintes n’ait (ou peut être très marginalement), utilisé le principe du «BMR» (ou «radiateur à mode harmonisé» pour reprendre la traduction française proposée par l’importateur français) ?

Roy George : «Je suis à peu près certain que Naim est la première compagnie à lancer une enceinte haut de gamme utilisant des transducteurs BMR. Bien sûr, je ne connais pas les raisons pour lesquelles aucun autre constructeur n’a adopté cette technologie, mais notre expérience me permet de dire qu’il est très difficile de passer du principe de fonctionnement théorique du BMR à un modèle de haut-parleur industrialisable. Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte pour assurer la consistance des performances de tels transducteurs, et plusieurs centaines d’échantillons de radiateurs ont dû être fabriqués à la main pour mettre en évidence tous ces facteurs.
Le développement de notre unité BMR a pris trois ans. Le principe BMR présente plusieurs avantages par rapport aux haut-parleurs conventionnels : très large bande passante, distorsion réduite, dispersion exceptionnellement large, diffusion s’apparentant à une source ponctuelle, et absence de distorsion de phase et de recouvrement temporel dues au filtrage dans la partie la plus sensible du spectre pour l’oreille humaine (entre 2 et 4 kHz). Tous ces bénéfices nous ont conduit à vouloir relever le défi».

SSB - Puisque le transducteur BMR est enchâssé dans un cylindre en aluminium, comment pouvez vous éviter qu’une signature sonore métallique soit émise par ce dispositif ?

RG : «Il y a deux problématiques, résonance mécanique et résonance acoustique. Les parois du tube font 13 mm d’épaisseur, ce qui le rend très inerte, et nous appliquons un peu d’amortissement mécanique dans le but d’éliminer la résonnance mécanique résiduelle. Les résonances acoustiques sont elles éliminées grâce aux matériaux absorbants (mousse synthétique et feutre), qui présentent un gradient de densité : les matériaux les plus denses sont installés dans le fond du tube et les moins denses à proximité du radiateur. Ces attentions particulières, ainsi que le système de suspension du tube vis-à-vis de l’enceinte elle-même créent le meilleur environnement possible pour révéler les capacités du BMR».

SSB - Le terme BMR (Radiateur à Mode Harmonisé) signifie-t-il que de la plus basse à la plus haute fréquence reproduite, le diaphragme est pratiquement plat, au moins jusqu’à ce que le deuxième mode de résonance apparaisse, à environ 8 kHz ?

RG : «Oui, le diaphragme en mouvement est assimilable à un piston jusqu’à 2 kHz (et non 8 kHz) et on observe ensuite un fonctionnement modal (c'est-à-dire avec «fractionnement» de la membrane, ndlr). Le succès du BMR au-delà de 2 kHz vient de ce que nous parvenons à rendre cohérent le rayonnement global de toutes les parties du diaphragme, ce qui produit une réponse constante ne variant pas avec la fréquence».

SSB - Quelles sont les contraintes imposées par l’enceinte vis à vis de l’amplificateur associé ? La courbe d’impédance est-elle aussi régulière que ce que vous suggérez dans la documentation ?

RG : «L’impédance est principalement comprise entre 4 et 8 Ohms, avec un minimum à 3 Ohms et un maximum à 11 Ohms. Le déphasage électrique reste compris entre +30 et -30 °».




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mardi 15 septembre 2009

La rentrée de la MEP


Expositions jusqu’au 11 octobre


A l’étage -1, Horses de Pierre Keller, fait du corps du cheval le lieux d'abstractions organiques aux traits parfois flous et aux couleurs presque passées. Ce sont d’ailleurs surtout les arrière-trains et parties génitales qui sont montrés ici. Ce travail fait en quelque sorte écho à Géricault et aux écrivains qui se sont émus dans leur œuvre du troublant érotisme dégagé par les croupes équines. Cette sensualité passe-t-elle ici ? Au visiteur d’en décider. En ce qui me concerne, j’aurais apprécié une image plus lèchée (sans mauvais jeu de mots). Mais aux dires même de l’auteur, la technique compte peu, et si l’image est déjà usée ou abîmée avant que d’être montrée, c’est aussi bien, car consubstantiel au procédé de reproduction de la photo - et notamment du polaroïd - en grand format.


Körner Union

Quasiment dépossédés de leur contexte, les objets et formes exposés par le collectif de Lausanne sont ici d'une fulgurante abstraction. Et d'une pureté géométrique presque tranchante. Où "comment déposséder les objets les plus simples et les plus pleins de toute leur substance et utilité ?". On peut parler d’un parti pris, où le concept prend le pas sur l’image elle-même. Laissera sans doute un bon nombre de visiteurs totalement indifférents, et en enthousiasmera d’autres.


Ara GülerLost Istambul, années 50-60

Nous retrouvons avec plaisir une sélection d’images proche de celle que nous avions déjà vue au cours de l’été à Vendôme. Lire notre commentaire sur la mise en regard des travaux de Marc Riboud et d'Ara Güler.


@rt Outsiders 2009«(IN)HABITABLE ? L’art des environnements extrêmes»

Installations vidéo et photo.

Intéressant objectif que celui de vouloir montrer comment l’homme a pu rendre habitable l'inhabitable, et réciproquement. Les œuvres exposées tentent d’y répondre, de manière très conceptuelle et assez éloignée de la pure photographie. Ce qui pose au passage une autre question, à laquelle je me garderai bien d’apporter une réponse : la Maison Européenne de la Photographie ne devrait-elle montrer que de la photographie, européenne qui plus est ?

Ferdinando Scianna«La géométrie et la passion»

Les portraits de Ferdinando sont parfois étranges, toujours saisissants. Très belle série de tirages noir et blanc dont certains évoquent des rituels ou des personnages mystérieux, inquiétants mêmes, tels ces encagoulés de la semaine sainte (Sicile), ou cette vieille femme bolivienne saisie par l’objectif sous un lapin écorché. Scianna photographie ici l'humain davantage dans sa fragilité que dans sa grandeur, tels que ces troublants portraits d'enfants au regards torves, aux postures improbables ou ces terribles portraits éthiopiens.
Une facette irréductible du travail de ce photographe également à l’aise dans la mode et la publicité, et qui aime jouer avec les ombres selon une construction graphique très puissante.


Calendrier des projections, animations et conférences à découvrir sur http://www.mep-fr.org/

Expositions visibles jusqu’au 11 octobre 2009, à la Maison Européenne de la Photographie (MEP), 5/7 rue de Fourcy, 75004 PARIS


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jeudi 10 septembre 2009

Nouveautés chez Leica

Chronique d'une naissance annoncée


Depuis hier après-midi nous savons tous officiellement ce dont nous étions tous officieusement au courant quelques jours, voire semaines plus tôt : Le Leica M9, successeur des boîtiers M8 et M8.2, est né, armé de caractéristiques séduisantes, qui, comme à l'habitude, raviront les leicaïstes, et feront sourire - voire se gausser - ceux qui travaillent depuis longtemps déjà en reflex numérique...

Résumons un peu la situation. Dans l'univers de l'image numérique, en pertuelle (r)évolution, les M8 et M8.2, premiers appareils télémétriques numériques fabriqués par Leica, souffraient de quelques irritantes faiblesses : capteurs 2/3 de résolution 10 Mpixel aujourd'hui dépassée, sensibilité du capteur à l'infra-rouge nécessitant l'utilisation de filtres d'objectifs, plage de sensibilités ISO limitée. Le M9 corrige tout cela, et sans prendre le moindre embonpoint, ce qui est déjà considéré comme un petit exploit par les éxégètes de la marque teutonne.

Son nouveau capteur CCD de 18 Mpixel est en effet au format "plein cadre" de 24 x 36 mm. Il permettra d'utiliser toutes les optiques M sans facteur d'élongation de focale, et de jouer de la profondeur de champ de la manière la plus naturelle qui soit. Il est de plus nativement corrigé contre l'infrarouge, exit donc les filtres additionnels !

La sensibilité utile du boîtier s'étend désormais de 80 à 2500 ISO, avec, selon les privilégiés ayant déjà pu poser le doigt sur le déclencheur, des hautes sensibilités très peu bruitées.

Les professionnels et amateurs qui ont eu l'occasion d'utiliser M8 et M8.2 ne seront pas désarçonnés par l'ergonomie du nouveau M9, en tout point similaire. Cela est vrai du barillet des vitesses d'obturation, du déclencheur, mais aussi de toutes les fonctions qui se pilotent depuis le bouton à quatre touches et la molette déjà présents sur les dos des versions 8.
L'écran de contrôle garde également la même taille avec une diagonale de 2,5 pouces. Dans l'optique "less is more", on assiste même à la disparition de la petite fenêtre de comptage de vues positionnée sur la face supérieure des boîtiers M8 ! Cette information est reprise sur l'écran, point.

La reconnaissance des optiques M codées (et non codées) est assurée ainsi que la correction de certaines de leurs distorsions caractéristiques(vignettage).

Mais il n'y a toujours qu'un seul mode de mesure de la lumière, par réflexion sur les rideaux de l'obturateur. Le bruit au déclenchement reste très discret, et l'armement de l'obturateur peut se faire au relâché du déclencheur pour davantage de discrétion.

Dernière (presque bonne) nouvelle, le prix : 5 500 €. C'est certes beaucoup pour un appareil qui, tout excellement construit qu'il soit (laiton et magnésium sont au rendez-vous), reste, sur le strict plan des fonctionnalités, sensiblement en retrait par rapport à de beaux reflex numériques japonais dont le prix est même inférieur. Mais c'est moins élevé que ce que nombre de prévisionnistes avertis avaient imaginé.

Et c'est, comme à l'habitude chez Leica, le prix à payer pour pouvoir utiliser une gamme d'objectifs qui brillent par leur qualité et leur compacité.

Toutes proportions gardées, il en va du matériel photo comme du matériel audio ou de l'horlogerie. Entre les produits d'exception presque 100 % faits main et le tout venant de grande série, les différentiels de prix sont énormes. "Supercherie !", crient les uns. "Evidente supériorité des premiers sur les seconds !", rétorquent les autres.

Prenons en main, soupesons, écoutons, regardons, estimons la robustesse, renseignons-nous sur la fiabilité. C'est (seulement) à ce prix que nous saurons si de tels écarts sont justifiés. Et c'est ce que Signal sur bruit se propose de faire, sur une sélection de produits audio et photo (et pourquoi pas, un jour, sur les montres ou les automobiles !)



Oui, le M9 est aussi disponible en noir !


Un bonheur n'arrivant jamais seul...




On apprenait aussi la naissance du Leica X1, compact numérique mono-objectif embarquant un capteur CMOS APS-C 24 x 16 mm de 12,2 Mpixels.

Ce boîtier, qui est donc doté d'un inamovible objectif autofocus d'ouverture f:2,8 équivalent à la focale très universelle de 36 mm en format 135, reste fidèle à la philosophie du "tout débrayable" de la marque. Notons qu'il affiche par ailleurs une sensibilité record de 3200 ISO.

Il bénéficie d'un design très épuré directement dérivé d'un boîtier M de hauteur réduite. Ceci est notamment dû à l'absence de viseur optique intégré.



Il sera proposé, d'ici à la fin de l'année, au prix public de 1 550 €.