vendredi 18 décembre 2009

Le son de l'absence - Christian Brenner




Cette journée du 17 décembre, si proche de Noël, fut riche en cadeaux par anticipation. Tout d'abord grâce à cette abondante chute de neige qui a recouvert Paris pour la première fois de l'année ! Un cadeau il est vrai un petit peu empoisonné pour ceux qui doivent circuler dans la capitale. Mais un Noël sans neige peut-il être totalement réussi ? L’enfant qui sommeille en chacun de nous ne peut répondre à cette question que par la négative... Et lorsqu’il fait bien froid, qu’y a-t-il de plus réconfortant que se retrouver à l’abri, un verre à la main, devant une formation de jazz ?

Ca, c’était le cadeau du soir : la présentation feutrée du dernier disque de Christian Brenner au Café Laurent. Les guirlandes et les lumières des vitrines du 6e arrondissement – haut lieu du jazz parisien - nous guidaient en effet en douceur vers un endroit cossu et chaleureux, l’un des beaux rendez-vous des amateurs de musique live dans la capitale.

Nous y retrouvions donc Christian Brenner (piano, composition), entouré d’une nouvelle formation : François Fuchs (contrebasse), Olivier Cahours (guitare électro-acoustique) et Pier Paolo Pozzi (batterie), à l’occasion de la sortie du Son de l’absence, le deuxième disque du pianiste.

Aux commandes dès 19h15, Christian Brenner annonce tout de suite le climat : ses nouvelles compositions très harmoniques ménagent beaucoup d’espace entre les instrumentistes et concrétisent le plaisir de jouer ensemble, entre musiciens qui se connaissent bien, qui se fréquentent depuis longtemps.

Et le groupe démarre d’ailleurs avec un premier très beau titre, celui qui donne son nom à l’album… Raffinement mélodique, légèreté des harmonies et accompagnement rythmique subtil dessinent une ouverture de set qui promet détente et relaxation, dans ce cosy-corner distingué mais décontracté.

Le quartet ici réuni renoue avec une forme de jazz plutôt classique et mélodieuse - avec de temps à autres une petite touche latine pas déplaisante - qui ne peut que séduire l'oreille de l'amateur de belles sonorités ! Le piano de Brenner est avant tout sensible et séducteur. Tout au long des morceaux, on apprécie ses harmonies travaillées qui en font l'instrument roi de cette formation.

Mais ce jazz atmosphérique est aussi merveilleusement servi par un guitariste au style cristallin – qui n’est pas sans évoquer Pat Metheny ou Philippe Catherine - même si certaines compositions presque mélancoliques suggèrent davantage un ciel gris-bleu de fin d’automne  qu’un soleil éclatant de lumière crue. Car cette formation distille une gamme de tonalités plutôt pastel et non un chromatisme exarcerbé.


Des musiciens très doués mais qui jouent sans aucune esbroufe, tel le discret contrebassiste, qui se laisse pourtant aller à quelques beaux développements solistes sur certains morceaux... Et les titres s'enchaînent pour un set de près d'une heure...


Dédié à sa fille qui ne tient pas en place (!), Christian Brenner nous propose enfin Nonotwingo, en guise de rappel.
Et l’ensemble se montre alors capable d'envolées énergiques et d'un groove soutenu, bien appuyés par un batteur à la gestuelle très marquée, en dépit de la relative exigüité des lieux...



Si vous voulez retrouver (ou découvrir) cette ambiance au disque, c’est assez simple.
Vous pourrez acquerir cet album en vous rendant au Café Laurent. Christian Brenner, qui préside aux programmations de l’endroit les jeudi, vendredi et samedi soirs, s’y produit d’ailleurs régulièrement.
Ou bien directement par correspondance sur son site : http://www.christianbrennerjazz.com/.

Mais lorsque l'hiver musical s'annonce aussi doux, on aurait de toute façon bien tort de rester calfeutré chez soi !