samedi 12 décembre 2009

SIEL SATIS RADIO 2009 - 1



L'incontournable salon de la technique et de la production audio-visuelles

Juste après les journées de l’audio (vidéo) grand public - disons plutôt «domestiques», voir les articles consacrés aux salons HiFi Home Cinéma et Haute Fidélité - le SIEL SATIS RADIO ouvrait ses portes aux professionnels de l’image et du son du 20 au 22 octobre derniers.



Matériel de sonorisation et d’éclairage spectacle, équipements de prise de vue et de son, régies vidéo fixe ou mobiles, sociétés de production et de reportage, les principaux acteurs du secteur audiovisuel étaient présents, des multinationales nippones telles que Sony JVC, Panasonic… aux marques plus confidentielles mais réputées parmi les professionnels : Nagra, Studer, Schoeps et Sennheiser bien sûr, mais aussi Christie Digital Systems (projecteurs vidéo professionnels), Projection Design (aussi très présent sur le créneau professionnel), SSL (tables de mixage), les optiques Fujinon (pour caméra ciné argentiques et numériques), Yamaha Musique, Roland, etc. Impossible de tous les citer, car 275 exposants au total étaient présents… pour près de 26000 visiteurs !

Un marché plutôt B-to-B (*), mais qui concerne aussi le spectateur final, l’acheteur de musique et d’images enregistrées, le radio-télé-vore...

Des conférences étaient également organisées en différents point de ce salon, lequel occupait le plateau d’un pavillon du palais des expositions de la Porte de Versailles. Signal sur bruit a assisté à certaines de ces conférences, et vous donne aujourd'hui un aperçu, en léger différé (!), de celles dont les sujets recoupaient les préoccupations et intérêts des audiophiles et vidéophiles lecteurs de ce magazine.

Le concept FAN : quand la chaîne d’acquisition du son se fait 100 % numérique

Pour l’amateur de musique et d’audio, un intéressant sujet était consacré à la norme «Full Audio Numérique», joli franglicissisme inventé par Alain Roy (Espace Concept – You-can) en collaboration avec quelques grandes marques de matériel de prise de son. Guillaume Eheret, représentant Sennheiser France, participait aussi à ce débat.

Comme le rappelait en préambule Eric Moutot, ingénieur du son, journaliste et modérateur de ce débat, l’image numérique a pris beaucoup d’avance sur le son ces dernières années, et ce malgré l’important surcroît de puissance processeur et de capacité mémoire nécessaires à la captation, à l’encodage et au stockage des images. En effet, que ce soit en image fixe ou animée, cela fait des années que le dispositif de prise de vue intègre un capteur numérique - dont la résolution et la sensibilité ne cessent d’ailleurs de s’améliorer - situé juste derrière l’objectif. La conversion du signal de l’analogique vers le numérique est donc réalisée «à la source», tout comme le cryptage de ces informations et leur stockage.

En prise de son, la démarche majoritaire encore aujourd’hui consiste à placer des micros (100 % analogiques) sur une scène ou dans un studio, à les connecter à des préamplis distants – le cas échéant à travers des boîtiers de raccordement. Puis à attaquer une régie ou console de mixage, et enfin un convertisseur analogique-numérique, qui peut lui-même être situé encore quelques mètres (voire dizaines de mètres) plus loin. Et nous sommes enfin dans le domaine numérique ! Dans le cas de grandes salles de concert, le signal analogique de très faible amplitude généré par les micros installés sur scène doit donc traverser de nombreux «obstacles» avant d’être converti, parfois une centaine de mètres plus loin, dans un studio. Il est vrai que dans ce cas, les préamplis micros auront été insérés dans le trajet du signal à proximité de la scène, afin de compenser les affaiblissements dus à la longueur des câbles. Mais globalement, pertes de niveau et autres rotations de phase sont au rendez-vous sur le trajet du précieux signal…

Et puis il y a cette technologie tout numérique, qui permet de poser ici et là des micros - intégrant d’origine un convertisseur, un circuit de traitement du signal et une interface numérique au standard AES42 - et de les raccorder à un «bus» unique qui serpente entre les pupitres. Dans le cas le plus simple, le micro délivre au réseau un signal numérique de fréquence d’échantillonnage prédéfinie. Dans le cadre de la norme FAN, les micros sont également télécommandables : on peut ainsi les configurer à distance, modifier leur diagramme polaire et leur fréquence d’échantillonnage, mettre en oeuvre des filtrages ou une fonction limiteur, depuis une régie centralisée !


Selon ses promoteurs, cette technique, très bien adaptée à la sonorisation «live», n’a pratiquement que des avantages : meilleure définition globale du message, dynamique respectée sans nécessité de «pousser le volume», positionnement et réglage des micros moins critiques, reproductibilité simplifiée du mixage d’un concert d’une salle de concert à une autre dans le cas d’un spectacle itinérant… Mais il y a bien quelques inconvénients : un investissement supérieur (au moins si l’on a un nombre faible nombre de pistes à traiter, car les économies d’échelle n’apparaissent qu’au-delà de 32 voies à traiter), la parc limité de références de micros actuellement disponibles, le changement d’un certain nombre d’habitudes chez les professionnels du son et chez les musiciens (problématique des retours de scène).

Par ailleurs, en matière de prise de son studio de formation classique, le résultat obtenu par une bonne prise de son de ce type confine à l’exceptionnel.

Signal sur bruit s’est en effet procuré le CD/SACD intitulé  100% Beethoven, qui comprend les concertos pour piano de Beethoven, interprétés par Mari Kodama et le Deutsches Sinfonie-Orchester Berlin placés sous la direction de Kent Nagano.
 
Un enregistrement 100 % numérique de 2006, le premier du genre, réalisé aux studios Teldex avec le concours de la firme Neumann, et mettant en œuvre toute une panoplie de microphones numériques des séries D-01 (ci-dessus) et KM (ci-contre).

Son mixage a été effectué sur station Merging Technologies Pyramix, sans aucune compression, et avec juste un peu de réverbération ajoutée à l’aide d’une unité Lexicon 960.



Résultat : haute définition et dynamique époustouflante sont bien au rendez-vous, rien déjà que sur la couche CD de ce disque. Ce n’est sans doute pas le seul disque réalisé de cette manière à ce jour, mais on ne sait malheureusement pas toujours tout sur les conditions d’enregistrement de nos galettes préférées. En tout cas, une technique à suivre !


(*) Business-to-Business : désigne un marché où les entreprises vendent leurs produits et/ou services à d'autres entreprises ou à des professionnels (et non au client final, ici le "spectateur" au sens général du terme).



Crédits photos salon : SIEL SATIS RADIO