mardi 28 septembre 2010

Signal sur bruit invité de Jazz Box sur Aligre FM !

Rien ne vaut un passage en studio…



Je ne boude pas le plaisir de m’être retrouvé, samedi 25 septembre, sur le plateau de Jazz Box, l’émission que Jacques Thévenet anime chaque samedi depuis près de dix ans sur Aligre FM - 93,1 MHz. Cela fait un moment que Jacques et moi nous rencontrons dans les festivals. L’homme est chaleureux, accueillant et connait bien entendu son jazz (tous courants, toutes époques) sur le bout des doigts ! Comme j’aime toujours savoir ce qui se trame en coulisse, je n’ai pas résisté longtemps à son invitation de passer une heure sur place en sa compagnie et celle de ses invités.

Ce qui m’a permis de faire plus ample connaissance avec deux talentueux jazzmen venus parler de leurs dernières productions : le bassiste et compositeur Hubert Dupont et le saxophoniste arrangeur Ronald Alphonse. L’occasion de pénétrer un peu plus le monde intérieur de chacun d’entre eux, de découvrir leurs sources d’inspiration…

Ronald Alphonse a monté il y trois ans environ son Latin Jazz Project, une formation à géométrie variable (qui oscille sur scène entre quintet et septet), et a entrepris de revisiter le répertoire de Thelonious Monk. La relecture des titres du génial pianiste à laquelle se livre Ronald et ses acolytes ne cache pas longtemps son parti pris «groovy»

Mais alors que l’étiquette Latin Jazz pouvait suggérer des versions exclusivement acoustiques et systématiquement nappées d’une bonne dose de «salsa», l’album Moods of Thelonious fait largement appel à la fée électricité, et alterne avec bonheur les ambiances blues, funk et, tout de même, latino-américaines.

Cet opus - qui date déjà de mai 2008 - aborde sans complexe et en toute décontraction un répertoire finalement assez peu repris par les jazzmen actuels. «Tout le monde connaît et cite Monk, mais personne ne le joue !» s’étonne Ronald. «J’ai baigné dans sa musique dès ma plus tendre enfance, sa musique me fascine et j’ai choisi de réorchestrer certaines de ses compositions les plus personnelles. Il faut savoir que Monk a composé une soixantaine de thèmes, et nous en possédons maintenant plus de trente à notre actif».

Moods of Thelonious est un album studio qui rassemble au final pas moins de dix musiciens, mais qui a été enregistré au studio Mesa dans les conditions d’un «live», c’est à dire sans re-recording ni éloignement ou isolement artificiel de tel ou tel musicien. Cela s’entend, à la fois dans le bon degré de présence de chacun des pupitres et dans l’impression de cohésion qui émane de chaque titre. Et ces relectures enjouées et très chromatiques des onze thèmes que comprend cet album donnent également envie de réécouter les versions originales. En quelque sorte, c’est le dépaysement réussi en terrain (presque) connu, sans faute de goût !

Contact : http://www.ronaldalphonse.com/PAGES/mot.htm



Dans un autre style, les trois de Sawadu sont aussi des allumés du rythme. Mais il faut cette fois se tourner vers le continent africain pour en trouver les racines. 

Evidemment, car ce trio métissé comprend tout de même deux (jeunes) stars de l’afro-jazz contemporain : le guitariste et chanteur sénégalais Hervé Samb et le batteur et percussionniste camerounais Brice Wassy, qui officient donc aux côtés du bassiste Hubert Dupont. On peut ici parler de «power-trio», et ce dès l’écoute de «Sustainable»  premier titre du très récent album - simplement intitulé Sawadu - qu’Hubert était venu présenter ce samedi. La rythmique est dense et trépidante, et on pourrait croire que les envolées du guitariste Hérvé Samb et le slam d'Hubert Dupont sont alimentés en 380 volts triphasé plutôt que par un réseau électrique sagement domestique ! 

Mais ce disque que nous nous hasarderons à qualifier de jazz-rock très haut en couleur est aussi un beau travail sur le son et développe, à l’aide d’instruments «ethniques» ou de guitare basse préparée, des climats assez inouïs. Il faut citer ici l’excellent et reptilien morceau «The living desert» ainsi que «Bankondji» étonnante ritournelle exécutée par Brice Wassy à l’indonungo (orthographe non garantie !), qui est un petit violon camerounais. Mais il y en a finalement pour tous les goûts, avec le superbe titre «Ndam», très acoustique et aérien (bien que savament rythmé), cette fois composé par Hervé Samb.

Contact : http://www.ultrabolic.com/


Refermons donc cette première page «radiophonique», en souhaitant tout simplement que Jacques Thévenet continue encore longtemps à nous faire découvrir le meilleur du jazz d’aujourd’hui, pour notre plus grand bonheur, sur Aligre FM !



dimanche 12 septembre 2010

Musique au Balzac

La rentrée musicale passe par le cinéma !

La programmation du cinéma Le Balzac, haut lieu de la «cinéphilie» parisienne, fait une fois de plus la part belle à la musique vivante. Une fois de plus, car cela fait bien des années que cette salle indépendante associe musique et images animées.


Depuis plus de dix ans en effet, Jean-Jacques Schpoliansky et son équipe proposent, en première partie de la séance de 20 h du samedi soir, un concert d’une vingtaine de minutes, en collaboration avec les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Une alternative originale à l’avalanche de spots publicitaires et de bandes annonces imposée en début de séance dans la majorité des autres salles ! Ces séances se déroulent dans la grande salle, qui peut contenir 390 spectateurs.

Virent ensuite le jour les séances «Pochette surprise» pour enfants où les projections de petits films muets sont accompagnées par un pianiste, puis les «ciné-concerts» qui renouent avec la tradition du cinéma muet du début du 20e siècle, en associant des grands noms de la musique avec des chef-d’oeuvre du septième art. Du coup, le Balzac constitue aujourd’hui l’un des endroits où aiment à se retrouver des interprètes tels que Jean-François Zygel, Daniel Yvinec et l’Orchestre National de Jazz, Karol Beffa ou encore Bruno Regnier et sa formation Ciné Xtet - qui testent en ce lieu leurs compositions exclusives pour le cinéma.

La saison 2010-2011 du Balzac sera riche en événements de ce type. On citera notamment le cycle consacré à F.-W. Murnau avec les films L’aurore, Faust, Le dernier des hommes et Nosferatu, qui seront accompagnés par J.-F. Zygel sur le quart de queue de la grande salle, une Passion de Jeanne d’Arc de C.-T. Dreyer projetée «hors les murs» en l’église Saint-Pierre de Chaillot - avec Samuel Liégeon à l’orgue - ou encore La nouvelle Babylone de G. Kozintsev et L. Trauberg, doublée par le quatuor Prima Vista.

Mais le Balzac innove encore, et proposera cette saison des retransmissions d’opéra sur grand écran. Première date le 13 octobre, avec Carmen de Bizet, en direct de Barcelone. Une affiche réunissant Beatrice Uria-Monzon, Roberto Alagna, Erwin Schrott. Le 30 novembre, on assistera, en différé cette fois, à la projection de la Tosca, captée à Gênes en juin dernier. Puis ce sera au tour d’Otello (le 6 janvier 2011), d’être invité tout en haut des Champs Elysées. Ne reculant devant rien, Jean-Jacques Schpoliansky et Virginie Champion accueilleront chaque spectateur avec une coupe de champagne Roederer.

L’installation technique nécessaire à ces retransmissions impose tout d’abord de réorienter la parabole de 1,2 m trônant sur le toit de l’immeuble qui abrite le Balzac pour recevoir un signal satellite. Ensuite, la chaîne de réception et de décodage du signal est assez simple, mais assurera une projection image et son de haute qualité. Un récepteur satellite Humax Icord HD distribuera le signal image à l’imposant projecteur Christie CP 2000 ZX, tandis que le son, acheminé vers les convertisseurs Dolby DMA 8 + via fibre optique, sera décodé et projeté en 5.1 sur les systèmes acoustiques JBL qui équipent la grande salle.

Bernard Pradal, directeur technique du Balzac, surveille le projecteur numérique Christie. Au premier plan, une bobine de film 35 mm. Ici, numérique et argentique cohabitent encore, mais sans doute plus pour très longtemps…


Attention : pour ces séances, il est vivement recommandé de réserver à l’avance… Et d’arriver à l’heure ! 


Cinéma Le Balzac, 1 rue Balzac, 75 008 PARIS