vendredi 8 octobre 2010

Enceintes Totem Acoustic Wind





Origine : Canada - Prix : 10000 € la paire -
Distribué en France par Joenit



Un sommet de musicalité au pays des Totem


Après les Totem Forest et les Model One Signature, Signal sur bruit aborde le haut de gamme Totem Acoustic avec le modèle Wind. Grande colonne introduite sur le marché US en 2001, et qui a fait l’objet d’un relooking extrême fin 2009. Son nouveau nom est Wind Design et j’aurai sans doute l’occasion d’y consacrer un complément prochainement. Outre son look, la conception de la Wind Design est marginalement différente de la Wind «classique» et présente une restitution légèrement supérieure. Au nombre des différences factuelles : les haut-parleurs de medium et de grave, le principe de socle métallique (skid plate), l’ingénierie du filtre. Mais la Wind classique reste au catalogue de Totem Acoustic et constitue toujours, malgré les années, un modèle très attractif.

Pour ma part, c’est ce modèle Wind « classique » que j’utilise, et ce depuis plusieurs mois. Une cohabitation de long terme, qui me permet de porter une appréciation assez objective (et favorable, nous le verrons plus loin).

Il est utile de rappeler que la majorité des enceintes du catalogue Totem ne comprend que deux voies, par souci de l’homogénéité des performances (plus difficile à obtenir de modèles à trois voies ou plus). On comprend que pour des modèle d’entrée ou de moyenne gamme, l’idéal théorique et pratique selon Vince Bruzzese est l’enceinte à deux voies. Il faut atteindre les Wind Design / Wind pour observer une conception à trois voies.

Car le critère moteur de la conception d’une enceinte Totem reste conditionné à son encombrement. Ces conceptions cherchent en permanence à optimiser le rapport entre performances objectives/subjectives, encombrement et «intégrabilité visuelle». La Wind, par exemple, n’a pas été conçue pour constituer une exubérante somme technologique. Mais à partir d’un volume donné et avec une apparence restant élégante, pour délivrer le maximum des performances et de la musicalité que l’on pouvait en obtenir. Presque curieusement, le marché américain, autrefois amateur de gigantisme, est actuellement très en demande de ce type de produits plus discrets. Avec la nouvelle version Wind Design aux coloris fantaisie, la discrétion est peut être un peu mise à mal, mais l’encombrement reste modéré !

Un peu de technique

A l’issue d’un entretien avec Vince, on ressent à quel point son approche à quelque chose de presque mystique. Cet aspect ressort également dans la littérature Totem développée sur le site de la marque, et dans certains témoignages de proches. Elle n’est sans doute pas qu’un effet de style.

A propos des choix technologiques par exemple, Vince considère qu’il est inutile de les mettre particulièrement en avant. Car pour lui, seul le résultat musical compte, et sa constance en fonction du temps. Ce crédo revient très souvent dans son discours : la constance des performances, assurée via des principes de conception, de réalisation (ébénisteries) et de choix des composants qui visent la plus grande longévité possible, ainsi que la constance des performances.
Quel que soit le modèle, aucun compromis n’est fait sur le choix des composants, et la liste en est toujours établie pour des raisons de synergie musicale. C’est ainsi que Totem constitue, autant que faire se peut, des stocks importants de composants divers, qui permettent d’envisager des actions de maintenance d’une quinzaine d’années effectives. Dans le but également de garantir la pérennité de l’investissement.

Chez Totem, l’attention est davantage portée à l’association des composants entre eux (le mariage des haut-parleurs, leur interaction avec le coffret, les composants du filtre) plutôt qu’au fait qu’ils soient représentatifs d’une technologie nouvelle ou particulièrement sophistiquée.  Le concepteur n’est donc pas forcément très disert sur les éléments retenus dans les enceintes. Mais, surtout, il n’est pas du genre à craquer pour des nouvelles références de haut-parleurs exotiques ou de matériaux complexes au motif que haute technologie et dernier cri seraient les garants imparables de la qualité musicale des produits.

C’est une des raisons qui lui font préférer sur la Wind un tweeter à dôme aluminium de 25 mm – de provenance SEAS - aux dômes textile, ceux-ci affectant une usure, un relâchement beaucoup plus rapide de la membrane au cours du temps. Mais en revanche, on ne trouvera pas de membranes céramique ou diamant chez Totem.

La double section de haut-parleurs médium qui équipe la Wind est assez unique en son genre et permet de donner de l’épaisseur, de la matière à ce registre, tout en évitant soigneusement la mise en avant systématique. Il n’a évidemment pas échappé à Vince que la zone de sensibilité maximum de l’oreille est précisément calée sur le spectre de la voix humaine (ce n’est d’ailleurs pas un hasard). S’il est utile et agréable qu’un transducteur audio descende loin dans le grave et monte haut dans l’aigu, il est tout aussi indispensable que la zone médium soit reproduite avec le maximum d’exactitude et de «consistance».

Comme sur les autres modèles de la gamme, Vince B. ne cherche pas à réaliser les caissons les plus inertes qui soient. Sa vision des choses l’amène plutôt à concevoir des enceintes à l’ébénisterie «légère» et vivante, dont l’une des fonctions est d’écouler vers le sol, le plus rapidement possible, le maximum de l’énergie vibratoire rayonnée par les haut-parleurs. Le coffret est aussi une caisse de résonance, et il participe donc à la reproduction musicale. Des mesures fines montrent que certaines parois des enceintes Totem entrent en résonnance avec le message sonore (ce que l’on ne peut jamais complètement éviter). Cela n’a rien d’anormal et garantit même, selon leur concepteur, le caractère vivant de la restitution.

Les unités médium et le boomer bénéficient de leur propre cavité de résonance. Le boomer est un modèle de 22 cm de diamètre dont la fréquence de coupure haute est située vers 180 Hz. Il est réalisé par Scanspeak sur cahier des charges. Les médiums à bobine ventilée de 7 cm de diamètre bénéficient de puissants aimants Neodyme. Mais ici encore, c’est la qualité des composants qui est recherchée plutôt que l’élaboration de fonctions de filtrage exotiques.

L’épaisseur des parois de l’enceinte atteint 21 mm par endroits. Elles sont constituées de panneaux de MDF assemblés en plusieurs couches de densités différentes. Le jointage des parois par inter-digitation garantit également l’intégrité mécanique et la pérennité des coffrets. En particulier, ces coffrets sont capables de cycles d’expansions/contraction en fonction de la température qui ne font pas apparaître de tensions mécaniques particulières néfastes à l’écoute. Et ces colonnes reposent, en leur face avant, sur un unique «claw» typique de la marque, qui assure l’écoulement des vibrations de la face avant vers le sol.

Autre originalité : on ne trouve à l’intérieur des enceintes Totem pratiquement aucun matériau amortissant en tant que tel, excepté le fameux borosilicate utilisé par la marque - sorte d’enduit appliqué en plusieurs couches fines à l’intérieur des coffrets - et quelques très rares petits pans de mousse. Et encore, ce matériau issu de l’industrie aéronautique est-il sans doute plus proche du vernis qu’un luthier applique à la finition d’un violon pour parfaire son timbre, qu’à une solution classique d’amortissement (quand cela n’est pas d’étouffement !) des vibrations internes. D’ailleurs, ce traitement de surface est ajusté à l’oreille, et non en fonction d’une capacité d’absorption qui serait uniquement calculée à l’avance.

Lorsque l’on peut glisser un œil à l’intérieur d’un coffret Totem, on est donc de prime abord assez surpris : c’est le grand vide ! On n’y voit rien d’autre que des haut-parleurs, les composants du filtre, un coffret et quelques cloisons ajourées de renfort horizontal. Mais par rapport à quelques autres réalisations «sans adjuvant acoustique» que l’on peut trouver sur le marché, les Totem brillent par leur absence systématique de son de boîte. Cette formule minimaliste est donc ici parfaitement maîtrisée. L’autre point important, c’est qu’elle contribue également à la constance des performances acoustique dans le temps. Car elle limite l’effet du vieillissement des mousses ou laines (synthétiques ou naturelles) qui remplissent massivement la majorité des enceintes du marché. Ces matériaux finissent toujours par perdre leurs qualités initiales, se désagrègent et diffusent partout dans les ébénisteries. Les membranes des hauts parleurs étant souvent le siège d’une accumulation de charges d’électricité statique, il n’est pas rare de les retrouver, après quelques années de fonctionnement, singulièrement encombrées par des amas de ce type de particules… Avec les conséquences qu’on imagine sur leur rapidité de réaction !

Si le filtre fait appel à un nombre (très) limité de composants, ceux-ci sont de tout premier ordre (self Mundorf, résistances bobinées et condensateurs électrolytiques aluminium MDL), et la charge électrique présentée à l’amplificateur reste relativement simple. Elle évolue entre 4,5 et 20 Ohms pour ce qui est de la composante résistive, et présente des variations de phase douces qui ne mettent pas l’électronique associée en situation de stress.


Caractéristiques constructeur :

Système 3 voies - 4 haut-parleurs
Fréquences de coupure : 180 Hz et 2500 Hz - filtrage du second ordre
Réponse en fréquence : 24 Hz à 21 kHz +/- 3 dB (en milieu semi-réverbérant)
Sensibilité : 87 dB
Impédance : 4 Ohms
Puissance admissible : 80 - 250 Watts
Dimensions : 112,5 x 35,5 x 27,3 cm