mercredi 5 octobre 2011

Salon Hi-fi Home Cinema - Octobre 2011




Premier événement majeur de cette rentrée encore très estivale pour les amateurs de musiques et d’images, le Salon Hi-Fi Home Cinéma de la SPAT s’est tenu les 1er et 2 octobre derniers. Cette manifestation mettait cette année l’accent sur une rubrique complémentaire : Technologies d’intérieur... et s'enrichissait d'un ensemble de conférences portant principalement sur les techniques d'intégration audio et vidéo. Un thème brûlant en ce chaud début octobre 2011, et des sessions très intéressantes, selon un revendeur croisé à l'issue du salon, venu puiser les informations qu’il est désormais nécessaire de connaître face au client exigeant. 

Car la décennie à venir sera d’abord celle de la dématérialisation totale des sources audio et vidéo, et qui s’avère heureusement de plus en plus qualitative. En parallèle, l’amateur de haute fidélité et/ou de home cinéma, qui s’est largement sociabilisé et ne vit plus sa passion en homme des cavernes, ne souhaite plus multiplier appareils, supports, câbles et enceintes envahissantes… 

Enfin, pour faire court, homo modernicus veut pouvoir tout télécommander de son environnement domestique avec son i-phone ou sa tablette... Il est donc grand temps que le vieux continent s’ouvre à des technologies déjà bien rôdées outre-atlantique par exemple.

Pour en revenir au salon en lui-même, on oscille toujours dans cette très large manifestation entre des démonstrations quelque peu tonitruantes et des séances d'écoutes plus recueillies, les secondes pouvant malheureusement être un peu polluées par les premières. Cela étant, si l’on se souvient avec émotion des toutes premières éditions du Festival du son de la fin des années 70, il faut admettre qu'elles se déroulaient pour la plupart d’entre elles dans la plus grande cacophonie de l’immense salle du Palais des Congrès de l’époque. Encore fallait-il traverser la rue pour se rendre dans les salons de l’Hôtel Méridien et profiter d’écoutes en chambre de matériel haut de gamme (du moins certaines années).

Ici, au Pullman Paris Rive Gauche de la Porte Balard, les plus grands acteurs de l’industrie électronique/acoustique, bien installés dans leurs immenses stands climatisés, ont pour voisins de curieux artisans un peu à l’étroit dans de petites pièces regorgeant d’appareils biscornus et gros générateurs de calories. Car, tant mieux pour nous, il existe encore une haute-fidélité « à l’ancienne » qui s’écoute et se contemple (même lorsqu’elle n’offre pas l’image !). Et c’est bien l’un des atouts de cette manifestation que d’offrir toutes ces perspectives en une fois, sous un même toit.

Parce qu’il me fallait malheureusement faire court cette fois-ci (et aussi que j’aime bien être à contre-courant !) ma visite s'est orientée d'elle même hors des sentiers battus, vers la découverte de quelques nouvelles marques - ou du moins de marques nouvellement importées en France - et d’autres qui restent encore quelque peu confidentielles. Et dont les produits ou systèmes ne reflètent que peu le concept d'intégration multimédia globale !

En dehors du mainstream, il faut en effet continuer d’explorer quelques niches, et notamment celle de la douillette stéréo nourrie des bonnes gravures de papa (papy ?), toujours d’actualité...

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Pour démarrer donc, coup de flash sur les DAC bulgares Antelope Audio, une société spécialisée depuis une quinzaine d’année dans la fabrication d’horloges de studio (peut être parce que la Bulgarie jouit, outre les grands faunes et la savane, d'importants gisements de Rubidium ?).

Les 3 modèles de convertisseurs Zodiac (1600 €), Zodiac + (2200) et Zodiac Gold (3000) présentent des entrées numériques spdif, toslink et bien entendu high speed USB, indispensable aujourd’hui. Mais ils incorporent également un étage préampli à contrôle analogique de gain, deux sorties casque dotées de très bons amplificateurs et peuvent recevoir une alimentation optionnelle Voltikus (700 €). Pour l’amateur de musique dématérialisée qui télécharge, utilise son lecteur CD en tant que transport et écoute peut être également un tuner (analogique), c’est parfaitement adapté.

 Le Zodiac Gold traite et rééchantillonne les flux à 384 kHz, tout en en effectuant un travail poussé de resynchronisation. 


Ce plus gros modèle était écouté ici successivement avec un transport CD ou ordinateur, dans un système constitué d’un ampli de puissance Bryston et qui faisait alterner les fines colonnes PMC GB1 (1800 €, absentes sur l’image ci-dessous), les plus imposantes OB1 (4800 €, à droite) et les majestueuses MB 2  (14000 €, à gauche). 


Chacune, dans sa catégorie respective, est un véritable «bargain»(*) comme diraient les anglais, et pas seulement ceux qui les conçoivent. Droiture, souplesse, clarté tonale et surtout spatialisation avantageuse sont au rendez-vous avec ces références professionnelles, qui font aussi beaucoup de bien à l’oreille de l’amateur averti.

Dynamique, naturel, clarté, tension et fluidité, beaucoup de qualités musicales étaient au rendez-vous dans une restitution excluant tout caractère électronique, y compris sur de difficiles partitions médiévales vieillies exclusivement en fût de chêne... Le résultat était plutôt vert, certes, mais sans aucune agressivité même à fort volume.

(*) Affaire en or




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Canor, marque slovaque pour l’instant relativement inconnue en France, propose de très beaux appareils à tubes, musicaux et assez abordables. 


On écoutait une très belle suite d'électroniques – lecteur CD2 VR+ (3190 €), ampli intégré TP 106 VR+ (3950 €) - sur les enceintes Neilos (7000 €) de Pascal Louvet, toujours très en forme, et qui n'hésitait pas à enlever le haut et le bas (je veux parler des caches haut-parleur, afin de montrer aux curieux de quoi ses enceintes sont faites).

Beaucoup de plénitude sonore, notamment sur du 33 tr lu grâce au très souple pré-préampli phono TP 300 VR de la gamme. 


Le tout était logé au creux d’une très belle architecture d’intérieur réalisée pour Sonneclair par Jean-Bernard Pouillard, également importateur des électroniques.

Un tuyau en forme de calembour : essayez d’acheter vos tubes chez Canor, car ces gens-là sont des cadors en matière de test de composants… Ci-contre leur interprétation du voltmètre de poche.




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Dans la série «nous sommes toutes petites mais nous faisons de la musique comme les grandes», il ne fallait bien sûr pas rater les minuscules enceintes  B&W PM 1, dans une configuration pilotée par de roboratives électroniques Classé Audio.


Une démonstration qui manquait un peu d’enthousiasme, mais qui laissait néanmoins pressentir un potentiel inouï pour ces mini-monitors.

Ni, à quelques encablures de là, passer à côté des Leedh C, au concept révolutionnaire (voir l’entretien que nous avions réalisé il y a quelques mois avec Gilles Milot, leur concepteur) et à l’image inversement proportionnelle à la taille.



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Avec la platine Riffaud Héritage (120 kg toute sèche mais bien huilée) et son bras propriétaire simplement équipé d'une cellule Denon DL103, Yves Montand à l’Olympia (disque enregistré en 1981) forçait le respect des auditeurs. 


Tout comme les étonnantes et très fines colonnes Tosca Aria 5 (ligne acoustique descendant jusqu’à 65 Hz), néanmoins soutenues par un beau caisson dont l'ampli est rejeté à l'extérieur de l’ébénisterie. 


Ces enceintes qui s'effacent bien devant la musique - mais peut être un peu moins dans le budget ménager puisqu'il faudra tout de même compter 13600 € dans cette configuration triphonique – étaient ici drivées par une électronique intégrée Tosca AT 5 (7950 €) utilisant la  fameuse lampe 300 B, délivrant seulement 10 W sur charge résistive. Cher le Watt me direz-vous ? On a vu pire, et de plus cela suffit parfaitement lorsque le transducteur est de qualité et à haut rendement ! 


Comme à l’habitude chez Point Musiques, la marque française Métronome Technologie était présente avec le lecteur CD TA 3 (7500 €) et son convertisseur séparé CA 3 (7500 € également) qui complétaient la liste des sources. 


Largeur et profondeur de la scène étaient au rendez-vous, sans oublier une bonne notion d'impact sur les percussions, et des voix que l'on pouvait parfois croire définies par un hp médium de technologie spatiale, alors qu’il s’agit de «simples» transducteurs large bande… 


Un système qui s'écoute sensuellement, aussi bien à faible qu'à fort volume...


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Aux antipodes de la mezzanine, c’est à dire au 21e étage, autre scoop du salon : plus de céramique chez Kharma (!), mais l’enceinte DB 9 (27000 €) et sa petite sœur la DB 7, de la nouvelle série Elégance, embarquent des haut parleurs propriétaires en carbone et un tweeter Berylium.


Une configuration ultime, drivée par les électroniques Ayre et une source Soulution CD/SACD de la série 5 (modèle 540).

Ultra-définition et matières soyeuses étaient bien au rendez-vous. L’oreille pouvait se promener dans chaque morceau reproduit avec une aisance déconcertante. On entendait tout ! 


Certes, c'est de la Haute Fidélité de très grande classe avec coffrets usinés dans la masse et enceintes laquées à la finition superlative, mais cela fait aussi beaucoup de musique et prodigue des sonorités d’une ductilité absolument incroyable. 


Juste à côté, Sound & Colours avait installé un autre système, électroniques Soulution + nouvelles enceintes Magico, dont nous reparlerons sans doute...








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Les imposantes Kef modèle Blade marquent le 50 ème anniversaire de la marque : un nouveau fleuron futuriste, ici boosté par une batterie d’électroniques Mac Intosh.


Son évidemment très enveloppé, spectaculaire et pouvait-on constater, pléthorique (c'est à dire, il faut bien le reconnaître, avec de nombreuses résonances de salle dans le grave).


Démo plus quantitative que qualitative donc, avec cependant une absence bienvenue d'agressivité. Soulignons que ce n’est pas toujours le cas dans les salles d’écoute où l’on veut jouer à tout prix la carte «gros système = gros volume» et où le haut-medium/aigu vrille parfois les tympans.


Mais il conviendrait plutôt d'évoquer ici la sonorisation de haut de niveau plutôt que l’audiophilie respectueuse des finesses musicales. Cela dit, la formule high tech très lookée des Blade fait son effet et doit pouvoir s’épanouir différemment dans une installation peaufinée.




En tout cas, une salle qui ne désemplissait pas pendant les créneaux d’écoute, preuve que les (peut-être) derniers très beaux jours de l’année en région parisienne n’étaient pas parvenus à détourner les amateurs de leur passion pour la technique !






lundi 3 octobre 2011

Tm + concert de présentation de saison - Samedi 1er octobre



Toujours à la tête de l’ensemble tm+, en résidence permanente à la Maison de la musique de Nanterre, Laurent Cuniot proposait samedi dernier le traditionnel concert de présentation de saison. Une initiative qui lui permet notamment d’expliciter ses choix programmatiques et d’apporter un éclairage sur les temps forts de la saison.

Exercice mené pour partie en duo avec Dominique Laulané (ici à gauche), directeur artistique de l’institution nanterrienne, tant les liens sont grands cette années entre le programme de la maison et les dates de tm+, qui se développent autour de quelques dates charnières.

Mais il est remarquable qu’il y ait toujours une sorte de vertu didactique à un concert de tm+, car ni les œuvres ni les compositeurs n'y sont jamais choisis au hasard. Laurent Cuniot a systématiquement à cœur d’amener le public au concert et de solliciter sa sensibilité. En présentant des œuvres majeures des répertoires contemporain et pré-contemporain, en mettant les courants musicaux en perspective, en prolongeant le travail de collaboration fine et fidèle avec les compositeurs d’aujourd’hui. Et d’ailleurs, cette année encore, beaucoup de compositeurs amis et dont les œuvres sont régulièrement créées par tm+ étaient présents à ce concert d'introduction.

Le 20e siècle constitue l’apogée de l’exploration de la matière sonore par des compositeurs qui se sont montrés de plus en plus aventureux. À l'instar de ce qui advenait dans les autres domaines artistiques, les créateurs délaissaient progressivement le sujet classique pour lui préférer le travail des matières sonores et des couleurs tonales. C’est ainsi que le timbre, qui constitue en lui-même un territoire d’expérimentations ouvert dès le XIXe siècle par les compositeurs français et ceux de l’école de Vienne, sera l’enjeu en janvier prochain d’un double concert baptisé Instants polychromes, précédé d’une conférence donnée par L.Cuniot lui-même.



On retrouvera aussi dans cette programmation 2011-2012 la reprise de l’Histoire du soldat d’Igor Stravinski, dans la superbe mise en scène de Jean-Christophe Saïs (le 8 octobre au 104, puis à Metz en janvier, et enfin à l’Athénée/Louis Jouvet de Paris en juin prochain), que nous avions découvert la saison dernière.

Le concert de Force de frappe du 26 novembre associera les figures séminales de Bartok et Ligeti au britannique Simon Holt (peu connu en France mais très respecté outre-Manche) et à l’allemand York Höller. Ce programme percussif sera un prélude à la soirée chorégraphique exceptionnelle consacrée à Anne Theresa De Keersmaeker par la Maison de la musique.


Mais tm+ se déplace également, que ce soit au 104 (samedi 9 octobre), dans le jardin Albert Kahn de Boulogne-Billancourt (samedi 15 et 29 octobre), au domaine de Sceaux (samedi 3 décembre), à l’Opéra-Théâtre de Metz (en janvier) ou encore à l’Abbaye de Bourgueuil (en juillet). Quand au concert A cors et à cris du 9 février, il se déroulera rien moins qu’à l’Espace de projection de l’Ircam et proposera des créations mondiales d’œuvres de Florence Baschet et de Gilbert Amy.

Tm+ s’associe également au Concerts de paliers à Nanterre (cette initiative très originale commence à être relayée par la radio et la télévision), où des musiciens investissent la cage d’escalier d’un immeuble pour amener la musique au plus près du public.

Ce samedi, en un beau préambule richement illustré, nous écoutions tour à tour les Contrastes de Bartok, Cloches à travers les feuilles de Debussy et son écho Feuilles à travers les cloches composé par Tristan Murail en 1998 et pour finir, Shékéré de Javier Alvarez. Nous y retrouvions le percussionniste virtuose Florent Jodelet, dans un étrange corps à corps acrobatique avec le shékéré, cet instrument sud-américain peu connu en Europe, accompagné des ses propres échos…













Une manière de rappeler que le thème du geste est aussi un des dénominateurs communs du programme de cette saison…