jeudi 19 décembre 2013

Cellule Transfiguration Proteus

Cellule Transfiguration Proteus




Origine : Japon - Prix : 3110 € - Distribué par : L'Audiodistribution




Un peu de mythologie


Dans la mythologie grecque, Protée (Πρωτεύς) est le dieu de la mer, possédant à la fois le don de prophétie et le pouvoir de se métamorphoser à volonté. Mais selon l’ésotériste Emmanuel d’Hooghvorst : «Il représente à la fois le feu magique dompté et le magicien lui-même». Toutes ces qualités lui confèrent donc une position très enviable parmi les innombrables dieux que l’homme a invoqué au cours de l’histoire, tout panthéons confondus. Nous le verrons, le choix de cette divinité par Seiji Yoshioka - fondateur et dirigeant de Immutable Music - pour baptiser sa dernière création haut de gamme n’est probablement pas tout à fait dû au hasard. Mais la cellule Proteus est-elle tellement révélatrice de ce qui est gravée sur un disque ? Est-elle véritablement capable d’un total mimétisme instrumental ? On pourrait estimer que ce nom – tout comme celui de la marque d’ailleurs - est un peu présomptueux. Qu’en est-il vraiment ?


Les principes fondateurs

La marque Transfiguration a fêté ses 20 ans en 2012. Mais, face à la myriade actuelle de produits dévolus à la lecture analogique, on ne peut pas accuser le fabricant japonais d’avoir inondé le monde d’une noria de modèles. Depuis la toute première référence AF-1, introduite en 1992, une dizaine de modèles au plus ont été conçus. Mais déjà, à l’époque, un certain Ken Kessler posait sans ambages une question rien moins que fondamentale : « S’agit-il tout simplement de la meilleure cellule au monde ? ».

Quoiqu’entretenue avec discrétion, la réputation de Transfiguration n’a pas failli. Les connaisseurs de la marque apprécient ce qu’il y a d’immuable dans la philosophie de son concepteur : s’approcher toujours plus près de ce que la musique a d’humain, de la pure et délicate émotion dont elle est porteuse (exception faite peut-être de certains courants musicaux extrêmes qui n’ont rien de pur ni de délicat…). Et, pour ainsi dire quel que soit le modèle, le constructeur a su maintenir au fil des années un niveau de fidélité à la musique, de performances subjectives toujours exceptionnel, en restant fidèle à quelques principes de conception finalement très sains, et qui brillent souvent par leur rassurante évidence. Ce qui ne signifie pas forcément que leur mise en œuvre soit aisée ! 

Que M. Yoshioka soit amateur d’opéra – et, selon la légende, grand collectionneur d’enregistrements anciens – n’est sans doute pas étranger à la chose. Mais on aurait bien tort de réduire les qualités des cellules Transfiguration à leur aptitude à (re)produire de jolies voix : en général, il faut admettre que leurs qualités s’étendent à bien d’autres compartiments de jeu, si tant est qu’il soit possible de compartimenter quoi que ce soit à l’écoute d’une cellule Transfiguration - et de la Proteus en particulier !

Quels sont ces principes ? Rappel technique rapide en deux points majeurs, qui constituent en quelque sorte la marque de fabrique des modèles Transfiguration : la suspension « push-pull » et la géométrie des aimants tubulaires en regard desquels les bobines mobiles sont disposées. Ces deux conceptions sont très simplement illustrées dans les schémas ci-dessous.

Tout d’abord, en vue de coupe longitudinale, on observe que l’extrémité du levier porte-pointe (cantilever) qui porte les bobines (coils) est retenue par un minuscule fil (suspension string) à l’armature de la cellule. Les bobines, constituées ici d'un noyau de section carrée en mumétal et de minuscules enroulements en argent très pur, s’appuient donc contre les disques amortisseurs (dampers) grâce à la tension de ce fil. On conçoit que ce système mécanique dit « push-pull » (le fil tire – la suspension pousse), s’il est correctement ajusté, soit garant de la parfaite intégrité mécanique de l’équipage mobile - notamment sur le long terme, davantage en tous cas que des dispositions traditionnelles où les bobines mobiles sont simplement collées à une suspension elle-même collée au corps de la cellule. De plus, le point d’attache du porte-pointe à ce fil constitue un pivot ponctuel fixe, point de référence immuable qui garantit a priori la fidélité de la transduction. On peut également imaginer que cette disposition facilite également le remplacement du diamant. Il «suffit» de desserrer la vis de blocage du fil de maintien, et voilà l’ensemble diamant + levier + bobines proprement désolidarisé du corps de la cellule, sans aucune intervention destructive.




Deuxième trouvaille majeure de Transfiguration : positionner les bobines mobiles dans une zone de champ magnétique la plus uniforme possible. Il est vrai que la lecture du sillon d’un disque par le diamant et la conduction de ce mouvement par le levier est un phénomène en lui-même sujet à de nombreux aléas : variations rapides de la force d’appui (resp. de la force d’antiskating) en fonction des creux et les bosses (resp. des courbures gauche et droite) de la modulation, pertes d’adhérence par rapport aux flancs du sillon sur les passages de grand amplitude, déformation du levier dues à sa propre compliance, génération de charges d’électricité statique suite au frottements, etc… 

Tous ces phénomènes génèrent de sérieuses non-linéarités et constituent des sources de bruit nuisibles, qui ne peuvent qu’être communiquées aux bobines. Si de surcroît ces dernières ne baignent pas dans un champ magnétique parfaitement uniforme et constant, on imagine les distorsions supplémentaires qui peuvent en résulter lors de la conversion du mouvement en courant. Une des obsessions constante de M. Yoshioka est l’obtention de la plus grande constance de ce champ. Pour ce faire, il s’est assez rapidement détourné des schémas traditionnels, qui emploient un seul aimant et tentent d’étendre son champ magnétique autour des bobines par l’ajout de pièces polaires (petits blocs de fer doux, non magnétique à l’origine). Résultat : un champ magnétique non uniforme, présentant des variations d’intensité et de direction d’autant plus grandes que l’on s’éloigne du centre géométrique du système. Au lieu de cela, Transfiguration a travaillé au façonnage d’aimants annulaires (magnet A & B), entre lesquels sont disposées les bobines conductrices.




De cette technologie, M. Yoshioka ne révèle malheureusement pas grand-chose. On sait néanmoins de que l’aimant néodyme, matériau magnétique le plus puissant que l’on puisse trouver sur terre (un alliage cristallin de fer, bore et néodyme de formule Nd2Fe14B), est intrinsèquement très friable et donc difficilement usinable. Toujours est-il que, sur le papier, la configuration retenue ici optimise à la fois le rendement du système magnétique et la linéarité de son comportement. Et les résultats d’écoute semblent bien confirmer le phénomène.


L’écoute

N’y allons pas par quatre chemins. Je tente une mise en parallèle qui peut sembler curieuse : tout comme de rares maillons audio de très haut de gamme (je pense en particulier aux enceintes américaines Magico ou japonaises TAD, ou encore aux meilleures électroniques Nagra), l’impression première qui se dégage de l’écoute de la cellule Proteus est celle d’une totale transparence, d’une absence totale de caractère propre et surtout, de distorsion. 

On peut même rester surpris tant les premières écoutes bannissent tout côté spectaculaire pour favoriser le naturel de la reproduction instrumentale. Les violons ne sont pas surdéfinis, les clavecins ne ferraillent jamais. Les voix aiguës ne chatouillent pas les tympans : elles charment l’auditeur. Amateurs de hifi clinquante s’abstenir ! Ici, les artefacts parfois – et faussement - associés à ce que doit être une bonne restitution hifi sont curieusement absents. Du coup, la perception, la compréhension des œuvres et des gestes instrumentaux est immédiate, sans intermédiaire ni travestissement. L’image du voile que l’on enlève et qui révèle la vraie nature des choses, si éculée qu’elle soit, prend ici tout son sens.

Car, comme avec les enceintes citées ci dessus, tout caractère électromécanique est évacué de la transcription. Aussi satisfaisante pour l'esprit soit elle, ce n'est plus l'impression de fouiller la modulation inscrite sur un disque qui prime à l'écoute de la Proteus. Mais bien la disparition quasi complète du support et du système de lecture - tout au moins pour les disques bien gravés – au seul profit de la musique. Par comparaison, une telle écoute montre à quelle point beaucoup de cellules, même parmi les plus performantes du marché, collectionnent les mentions d’excellence sur tel et tel critère (fermeté du grave, effet de relief sonore, pouvoir d’analyse, rapidité des attaques), mais sans atteindre cette confondante plénitude et ce côté infiniment naturel.

Bien soutenue par un bras unipivot Graham 2.2 (qui n’est d'ailleurs ni le meilleur ni le plus cher du monde), lui même confortablement assis sur une imposante platine Kuzma Stabi Ref, la Proteus affiche une lisibilité sans faille y compris des passages les plus violement modulés (sur disques test et... musicaux). Il n’y a d’ailleurs pas la moindre augmentation apparente de distorsion à mesure que la profondeur de gravure augmente, au moins jusqu’aux très bonnes valeurs de 80 um en latéral et 100 um en vertical, une des preuves tangibles du bien fondé de l’approche technique retenue. Pour autant que les disques lus soient raisonnablement propres, les bruits de surface sont relégués à un niveau infinitésimal, souvent à peine perceptible même à niveau d’écoute soutenu. 

Avec un préampli à grand gain très silencieux tel que l’Audia Flight Phono, on illusionne facilement l’auditoire quant à savoir si l’on écoute un CD ou un vinyle. Je veux parler ici du critère de silence de fonctionnement et de la dynamique ressentie, terrains sur lesquels la lecture numérique est, sur le papier au moins, plus performante que l’analogique. Ici, tout débat sur la prétendue supériorité du numérique est évacué en vitesse ! 

Et sur le plan de la matière instrumentale, du legato, de la souplesse de restitution, aucun doute n’est permis, nous sommes à 100 % dans le monde de l'analogique. Il sera bien difficile de prendre cette cellule en défaut, que ce soit avec un enregistrement live de Peter Gabriel, sur les passages d’opéras wagnériens les plus modulés, ou encore à l’écoute de belle gravures historiques de jazz. Cette universalité, qui s’accompagne à la fois d’une impression de matière incroyablement réaliste et d'une si subtile transparence, ne peut être que le fait d’une des meilleures cellules qui soit !



Caractéristiques constructeur :

Niveau de sortie : 0,2 mV @ 3,54 cm/s et 1 kHz
Résistance : 1 Ohm
Courbe de réponse : 10 Hz - 40 kHz @ + 2 dB
Ecart entre canaux : < 0,5 dB @ 1 kHz
Séparation des canaux : > 30 dB
Compliance : 13 x 10-6 cm/dyne
Poids : 7,8 g

Précaution d'emploi : le montage de cette cellule est sans souci particulier, mais le levier porte-pointe est relativement plus court et fin que celui rencontré sur la plupart des cellules à bobines mobiles, ce qui justifie une attention toute particulière lors de sa manipulation.


Salon Haute Fidélité 2013




L'autre grande manifestation audio de l'automne avait lieu les 9 et 10 novembre derniers à l'Hôtel Marriott Paris Rive Gauche. 

Débauche de matériels de très haut de gamme, confrontation de technologies du passé et de l'avenir, belles écoutes attirant un maximum de public... 

Retrouvez dans ce reportage l'ambiance du salon, les propos des constructeurs et importateurs présents à cette manifestation.

Un reportage réalisé par Le Pôle Multimédia www.lepolemultimedia.fr

Reportage Logos Room Jefferson



Découvrez le reportage réalisé à l'occasion de la présentation de la Logos Room Goldmund chez Jefferson, revendeur haute fidélité bien connu, situé à Pérouse, près de Belfort. 

Accompagné de Jefferson Torno, importateur Goldmund pour la France, Michel Reverchon, CEO de Goldmund revient sur les origines de la marque et sur ses plus récents développement dans le domaine du home cinéma sans concession...

Un reportage réalisé par Le Pôle Multimédia www.lepolemultimedia.fr