jeudi 20 novembre 2008

Enceintes TOTEM Forest


Origine : Canada - Prix : 4 300 € la paire
- Durée du test : plusieurs mois...


De fines et élégantes colonnes

Les fans de Schostakovitch, les fondus de Limp Bizkit, les admirateurs de David Bowie et de Depeche Mode auront intérêt à se tourner vers un modèle tel que les Totem Forest s’ils veulent vraiment tirer le maximum de plaisir de leurs disques, sans devoir recourir à une débauche d’électroniques.

Et en l'espèce, point n’est besoin d’accueillir chez soi des monstres de 2 mètres de haut et de 100 kg pièce, ces petites colonnes rendent déjà bien des services !


Les Forest (date d'introduction : 1998) sont en effet les modèles idéaux pour qui souhaite disposer d’une base très sérieuse dans la catégorie des enceintes discrètes. Car leur esthétique s’intègre à merveille dans la plupart des intérieurs, sans effet intrusif marqué, à l’exception des haut-parleurs qui normalement restent visibles (ces derniers pouvent toutefois disparaître sous un cache fixé par velcro sur la façade). Et comme leurs petites soeurs les Model One Signature, elles sont disponibles en finition érable, frêne noir, merisier et acajou. Ces colonnes de seulement 20 x 27 cm de base reposent chacune sur trois ingénieux «Claws» (ou «griffes»), piétements métalliques constitués d’ogives inversées (finition noire ou alu), qui viennent coiffer de petites billes métalliques.


Ce principe évite de faire des trous dans le parquet tout en captant et diffusant vers le sol les vibrations indésirables en provenance des transducteurs, mais pourra néanmoins laisser quelques marques discrètes au sol. L'ajustement fin du positionnement des enceintes s'en trouve évidemment facilité. On pourra juste regretter que le mode de fixation des Claws sur les Forest ne soit pas un peu plus sophistiqué. Pour chaque Claw, il s'agit en effet pour l'utilisateur de visser une longue vis à bois dans un trou pré-percé à la base de l'enceinte. Un système utilisant inserts et vis BTR nous aurait paru plus professionnel.

Une découverte sonore

Il y a quelques mois, lorsque j’ai reçu les Forest, j’utilisais alors une paire d’excellentes Jean-Marie Reynaud Cantabile Signature, presque moitié moins chères, mais réputées à juste titre pour leur rapport performances/prix exceptionnel. Les Forest, avec leur prix de 4300 euros la paire n’avaient donc qu’à bien se tenir…Tout juste branchées (à mon amplificateur Naim Audio 180 de l’époque) et d’ailleurs pas encore rôdées, je fus surpris de découvrir à quel point elles donnaient immédiatement l’impression de chanter merveilleusement !

À cela s’ajoutait une lisibilité très supérieure des morceaux, toute en sensibilité, sans aucun effet analytique. C’en était même troublant. En effet, je suis de longue date convaincu de la prééminence de la source dans la qualité globale d’un système. Et c’est principalement de la source que se révèle ou non la musicalité d’un morceau, dans tout ce que cette qualité peut avoir de liée avec les notions de pouvoir d’analyse, de mise en perspective des notes et des gestes qui les génèrent, de révélation des motifs harmoniques et mélodiques entrelacés dans les musiques les plus complexes. À tel point que j'aurais presque tendance à «reléguer» l’enceinte au strict rang de transducteur mécanique, susceptible de distordre, d’arrondir, de gommer, de passer sous silence – ou à l’inverse, dans certains cas, d’exagérer certains registres fréquentiels par rapport à d’autres, par exemple.

Et je pensais bien connaître les Forest pour les avoir utilisées aux cours de nombreux tests menés sur des électroniques de tous niveaux de gamme, mais leur (re)découverte dans mon environnement domestique fut l’occasion d’un premier choc devant ce surcroît de présence purement musicale. Les différences entre les présentations canadienne et française étaient immédiatement perceptibles : davantage d’extension dans le grave pour les Forest, un aigu semblant filer plus haut, ceci s'ajoutant à cette expressivité généreuse et sensuelle. Par comparaison, les Cantabile Signature affichaient une imperturbable rigueur, une droiture remarquable mais sensiblement moins enthousiasmante – ce qui ne retire cependant rien à la réelle valeur de ces dernières.

L’impression d’espace et la précision de la scène sonore se montraient également supérieures, et je retrouvais assez vite le point fort de la marque canadienne en ce domaine.


Passée une période de rodage de quelques dizaines d’heures, avancées d'une soixantaine de centimètres par rapport au mur arrière, les Forest ont vite affiché une ampleur encore supérieure, une meilleure négociation du registre grave, avec, cette fois, non pas une «bonne notion d’impact», mais de véritables niveaux de pression ressentis physiquement. Le constructeur annonce d’ailleurs une réponse s’étendant à 28 Hz (à - 6 dB) en environnement semi-réverbérant, ce qui est sans doute un peu optimiste, mais leurs performances subjectives dans ce domaine restent assez exceptionnelles pour leur taille.

Avec les Forest, les ambiances de salle ressortent avec un réalisme avantageux. Exemple : les Concerti pour Hautbois, Basson et Cordes d’Antonio Vivaldi, ensemble L’Armonia e l’Inventione dans la très belle gravure Astrée/Auvidis. La restitution qu’en offrent les Forest conjugue proximité instrumentale, réalisme de la scène sonore et très belle acoustique environnante (mise en valeur des réverbérations). Par rapport aux Model One, la restitution bien charpentée apportait un surcroît de sérénité aux morceaux ainsi qu’une savoureuse impression de présence, très charnelle. Mais l’esthétique sonore globale reste évidemment très proche de celle de leurs petites sœurs : même impression de ductilité, même signature sonore dans le registre médium - les voix ne semblant pas décalées vers le grave -, même douce transparence dans l’aigu.

Tout le bien-fondé des choix techniques de Totem Acoustic ressort à l’écoute du piano d’Alexandre Tharaud dans Ravel, magnifique dans ses timbres et dans sa vivacité, un caractère vivant qui souligne à merveille une interprétation des plus inspirées ! Le tout en l’absence de toniques de coffret ou de son de boîte.

Nous restons donc bien dans la même famille sonore, et l’intégration de l’ensemble Forest/Model One s’annonce sous les meilleurs auspices !

Quelle électronique pour les Forest ?

La grande versatilité des Forest permet déjà d’en tirer un excellent résultat lorsqu’elles sont mises en mouvement par des électroniques de moyenne gamme (ensembles séparés Naim Audio d'entrée et de milieu de gamme, ou Atoll PR 300 - AM 200 par exemple). Et à l’instar des Model One, les Forest s’épanouissent merveilleusement lorsqu’elles sont bercées par les bras bien musclés d’une amplification de puissance de haut de gamme.

C’est ainsi qu’une première association avec les blocs mono Ayre MX-R leur confère une ampleur sans aucune commune mesure avec leur taille, que ce soit sur le plan de la dynamique ou de l’espace sonore recréé, qui s’affranchit majestueusement du positionnement des enceintes dans la pièce d’écoute.

Avec mon Chord SPM 3005, le passage à deux canaux dédiés à l’amplification (passive) apporte également son lot bien logique d’améliorations, immédiatement appréciables sur des programmes classiques par exemple : séparation des pupitres encore accrue (notamment dans le sens de la profondeur de la scène), mise en relief des bruits instrumentaux, liberté harmonique supérieure, lisibilité mélodique en nette hausse liée à une articulation microdynamique exemplaire. Plus aucune excuse désormais pour passer à côté du propos musical - même avec des œuvres un peu heurtées telles que la Quatrième symphonie de Schostakovitch !

Spécifications constructeur

- Enceinte bass-reflex deux voies
- Bande passante : 33 Hz – 20 kHz à +/- 2 dB
- Sensibilité : 87 dB
- Impédance : 8 Ω nominale, minimum 7 Ω
- Fréquence de coupure : 2,5 kHz
- Pente : 18 dB et 24 dB/octave
- Puissance admissible : 200 W
- Bornier : modèle WBT doré double
- Dimensions : 195 x 890 x 270 mm (L x H x P)
- Poids : 16,2 kg l'unité


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