jeudi 20 novembre 2008

Enceintes TOTEM Model One Signature


Origine : Canada - Prix : 2500 € la paire -
Distribué en France par Joenit


Un mini-monitor de luxe

Version aboutie des Model One figurant au catalogue depuis l’origine de Totem, les Model One Signature (sorties en 1997) constituent l’archétype du monitor compact, racé et performant. On pourra donc parfaitement s’en contenter pour constituer un système principal discret mais de haute qualité ou pour compléter un système principal en les utilisant comme voies surround.


Ces petits parallélépipèdes à deux voies embarquent les solutions techniques propres à la marque, et notamment l’ébénisterie multicouche recouverte de la finition interne borosilicate. Le port bass-reflex accordé à 42 Hz débouche à l’arrière de l’enceinte, dans l’alignement du tweeter.

On note également, comme sur les autres modèles d'enceintes, la présence d'un très beau bornier double plaqué or d'origine WBT. La bi-amplification passive est donc réalisable aussi avec ce "petit" modèle !


Ecoute

Les exceptionnelles capacités holographiques des Model One Signature, combinées à leur fort pouvoir d’analyse, en font donc des enceintes très attractives, et même étonnantes, pour l’amateur de petites et moyennes formations (en jazz ou en classique), avec lesquelles l’absence de frustration est garantie sur le plan de la consistance sonore.

Pour la petite histoire, alors que j’avais pendant cette session d’écoute installé les Model One Signature juste à côté des Forest, plusieurs visiteurs de passage ont cru à leur arrivée écouter les grands modèles !

C’est d’ailleurs Helen Merrill qui leur donna la première claque - accompagnée de Ron Carter qui leur assena aussitôt le coup de grâce ! À l’écoute de l’album Duets paru en 1989 chez Emarcy, nous restions en effet littéralement bluffés par la présence de la voix de la chanteuse et par la consistance de la contrebasse. Celles-ci nous étaient délivrées avec une assise époustouflante, sans l’effet bien connu de mise en avant systématique du bas médium, typique des jolies petites grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le blanc-bleu belge (une race de bovins géants élevés outre-Quiévrain).
 La notion d’espace sonore était tout simplement superlative, et permettait d’ailleurs de bien noter les quelques exagérations de l’enregistrement à cet égard. Comme si l’ingénieur du son avait jugé bon de «remplir l’espace» entre les deux protagonistes, à défaut, peut-être, de disposer d’un lieu d’enregistrement acoustiquement favorable. Ah, la peur du vide ! Il reste que ce disque est une merveille sur tous les plans, et surtout d’un point de vue musical.

Pour rester dans le registre du jazz, c’est ensuite le Live in Vienna du trio de Frédéric Alarie (Fidelio Records), bassiste lui aussi, qui nous fit échanger regards et sourires incrédules ! À très haut niveau sonore, ces monitors affichent certes un équilibre tonal un peu ascendant qui ne sera pas hors de propos dans un environnement acoustiquement plutôt amorti. Je parle bien là de niveaux très élevés, qui pourraient facilement générer sur le long terme de sérieux problèmes de cohabitation au sein du foyer !


Mais il n’est pas exagéré d’écrire que, poussés dans leurs retranchements par une électronique plutôt musclée, ces modèles affirment une capacité dans le grave tout simplement renversante, sans aucun effet de talonnement. Sur les solos de batterie des morceaux «Juju» et «So What», on parvient à une notion d’impact quasi réaliste, et ce même sur les plus grands fûts. Tandis que le saxophone bruit de mille souffles, luit d’un chromatisme riche et juste, module avec un grand pouvoir de conviction. Et que la rapidité de réaction des petites membranes fait merveille dans les passages de contrebasse les plus véloces.

On retrouve évidemment cette fulgurance sur de nombreux programmes. Les pièces baroques rythmées sont en général propulsées allegro assai et ne cèdent pas place à l’ennui, même chez les plus réfractaires à ce genre musical !Mais il faut noter que les capacités holographiques et l’ampleur du message délivrées par ce minimonitor sont encore sublimées par le passage en biamplification passive, ce que permet aisément l’ensemble Chord DSP 8000 R et SPM 3005 dont je dispose.

Nous parlons ici d’un ensemble d’électroniques dont le prix excède quand même 30000 €, à mettre en regard des 2500 € qui permettent d’acquérir ces Model One. Mais il tire de ces petites boîtes une performance exceptionnelle, y compris sur de très grandes formations mahlériennes, et, là encore, sans la moindre impression d’étranglement lors des crêtes de dynamique !


Ainsi de la restitution de la 5e Symphonie du compositeur autrichien, version du Royal Concertgebouw dirigé par Riccardo Chailly (paru chez Decca), où l’illusion d’avoir à faire à des colonnes est même… troublante.

Mais moins qu’une autre enceinte un monitor ne procure d’effet physiologique. Du coup, c’est à bas niveau que les Model One pourront manquer très légèrement de consistance, mais de façon toute relative. En revanche, transparence et restitution holographique sont toujours au rendez-vous, avec une scène sonore qui ne perd ni en largeur ni en profondeur.

Recommandation d'installation

C’est dégagées du mur arrière d’environ 50 centimètres que les Model One m’ont donné la meilleure impression. Leur faible directivité leur permet d’être installées presque parallèlement, sans aucune contrepartie sur le plan de l’image. C’est d’ailleurs ce que recommande leur concepteur, mais il faut tout de même tenir compte des murs latéraux dont la proximité éventuelle pourra inciter à les orienter vers l’auditeur.


Conclusion

Qu'elles soient utilisées seules ou en conjonction avec le caisson Thunder, ces Model One constituent donc un très étonnant système, déjà capable de donner le grand frisson. Elles peuvent très bien prendre la place de voies surround dans un système home cinéma. Mais il serait bien dommage de ne les cantonner qu’à cet exercice, et personnellement, c’est aussi en pensant à des applications de monitoring d’enregistrement que je les ai acquises. Et dans ce contexte, leur compacité, leur facilité de positionnement et leur transparence achèvent de convaincre. Leur seul possible défaut dans ce domaine : elles ne seraient peut être pas assez austères !

Spécifications constructeur

- Enceinte bass-reflex 2 voies
- Bande passante : 50 Hz – 20 kHz à +/- 3 dB
- Sensibilité : 87 dBImpédance : 4 Ω nominale, minimum 3,8 Ω
- Fréquence de coupure : 2,7 kHz
- Pente : 12 dB/octave
- Puissance admissible : 120 W
- Bornier : modèle WBT doré, double
- Dimensions : 167 x 313 x 227 mm (L x H x P)
- Poids : 4,1 kg



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